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Le blog de JL Benoît

  • Musclez vos neurones

    Musclez vos neurones, profitez de vos vacances pour lire Tocqueville

    http://www.edi-tocqueville-jlb.fr/livres.html

    Profitez des vacances pour muscler vos neurones: lisez Tocqueville, vous vous sentirez différents de vos députés et sénateurs qui n'en ont pas lu une page, se contentant de leurs ersatz, canigou avalé dans les digests de leurs hebdos à prétention culturelle !

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  • Les associations un enjeu capital pour la démocratie

    « Dans les pays démocratiques, la science de l'association est la science mère, le progrès de toutes les autres dépend des progrès de celle-là. »

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    Dans De la Démocratie en Amérique, Tocqueville consacre, en 1835 comme en 1840, de longs développements à la nature et à l’importance des associations aux États-Unis. Il a d’abord été surpris par le nombre considérable d’associations très différentes en nature comme en importance :

    « Les Américains de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les esprits, s'unissent sans cesse. Non seulement ils ont des associations commerciales et industrielles auxquelles tous prennent part, mais ils en ont encore de mille autres espèces : de religieuses, de morales, de graves, de futiles, de fort générales et de très particulières, d'immenses et de fort petites ; les Américains s'associent pour donner des fêtes, fonder des séminaires, bâtir des auberges, élever des églises, répandre des livres, envoyer des missionnaires aux antipodes ; ils créent de cette manière des hôpitaux, des prisons, des écoles. S'agit-il enfin de mettre en lumière une vérité ou de développer un sentiment par l'appui d'un grand exemple, ils s'associent. Partout où, à la tête d'une entreprise nouvelle, vous voyez en France le gouvernement et en Angleterre un grand seigneur, comptez que vous apercevrez aux États-Unis une association »[1].

     

    [1]De la Démocratie en Amérique, II, 1840, (D.A.II, II, ch. 5.)

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  • Éloge du peuple de France

    Dernière page de L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville:

    Et si on repensait à ce dont la France est/a été capable ! (re)lisez donc la dernière page de L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville (l'ouvrage le plus lu en ligne, dont nos politiques n'ont pas lu une ligne:
    Quand je considère cette nation en elle-même, je la trouve plus extraordinaire qu'aucun des événements de son histoire. En a-t-il jamais paru sur la terre une seule qui fût si remplie de contrastes et si extrêmes dans chacun de ses actes, plus conduite par des sensations, moins par des principes ; faisant ainsi toujours plus mal ou mieux qu'on ne s'y attendait, tantôt au-dessous du niveau commun de l'humanité, tantôt fort au-dessus ; un peuple tellement inaltérable dans ses principaux instincts qu'on le reconnaît encore dans des portraits qui ont été faits de lui y il a deux ou trois mille ans, et en même temps tellement mobile dans ses pensées journalières et dans ses goûts qu'il finit par se devenir un spectacle inattendu à lui-même, et demeure souvent aussi surpris que les étrangers à la vue de ce qu'il vient de faire ; le plus casanier et le plus routinier de tous quand on l'abandonne à lui-même, et lorsqu'une fois on l'a arraché malgré lui à son logis et à ses habitudes, prêt à pousser jusqu'au bout du monde et à tout oser ; indocile par tempérament, et s'accommodant mieux toutefois de l'empire arbitraire et même violent d'un prince que du gouvernement régulier et libre des principaux citoyens ; aujourd'hui

    L'ennemi déclaré de toute obéissance demain mettant a servir une sorte de passion que les nations les mieux douées pour la servitude ne peuvent atteindre ; conduit par un fil tant que personne ne résiste, ingouvernable dès que l'exemple de la résistance est donné quelque part ; trompant toujours ainsi ses maîtres, qui le craignent ou trop ou trop peu ; jamais si libre qu'il faille désespérer de l'asservir, ni si asservi qu'il ne puisse encore briser le joug; apte à tout, mais n'excellant que dans la guerre; adorateur du hasard, de la force, du succès, de l'éclat et du bruit, plus que de la vraie gloire; plus capable d'héroïsme que de vertu, de génie que de bon sens, propre à concevoir d'immenses desseins plutôt qu'à parachever de grandes entreprises ; la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l'Europe, et la mieux faite pour y devenir tour à tour un objet d'admiration, de haine, de pitié, de terreur, mais jamais d'indifférence ?

    Elle seule pouvait donner naissance à une révolution si soudaine, si radicale, si impétueuse dans son cours, et pourtant si pleine de retours, de faits contradictoires et d'exemples contraires. Sans les raisons que j'ai dites, les Français ne l'eussent jamais faite ; mais il faut reconnaître que toutes ces raisons ensemble n'auraient pas réussi pour expliquer une révolution pareille ailleurs qu'en France.

    Me voici parvenu jusqu'au seuil de cette révolution mémorable ; cette fois je n'y entrerai point : bientôt peut-être pourrai-je le faire. Je ne la considérerai plus alors dans ses causes, je l'examinerai en elle-même, et j'oserai enfin juger la société qui en est sortie.

  • 1848-2018 Pour aider à comprendre ce qui se passe

    http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoit_jean_louis/Pour_lecture_tocquevillienne_crise_fr/Pour_lecture_crise_fr.html

    Ceci n'est qu'un début, le texte est en cours de réalisation, mais il faut bien tenter d'éclairer le pourquoi:
    1848-2018, pour comprendre la situation présente
    « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre », le pouvoir n’est qu’une illusion et n’appartient pas à ceux qui croient le posséder.

    Les leçons de la révolution de 1848

    À relecture des causes et du déroulement de la révolution de 1848 on comprend mieux l’origine et l’évolution des évènements qui ont conduit à la situation insurrectionnelle actuelle.
    Depuis plus de 10 ans maintenant, avant même l’élection de Sarkozy, j’ai maintes fois expliqué dans mes textes et mes conférences comment la situation qui s’est installée en France depuis le 5 juillet 1972 a placé le pays dans un état comparable à celui de la fin de la Monarchie de Juillet qui a conduit à la révolution de 1848 que Tocqueville annonçait dans un discours à la Chambre, le 27 janvier, moins d’un mois avant l’explosion :
    « On dit qu'il n'y a point de péril, parce qu'il n'y a pas d'émeute ; on dit que, comme il n'y a pas de désordre matériel à la surface de la société, les révolutions sont loin de nous. Messieurs, permettez-moi de vous dire que je crois que vous vous trompez. Sans doute, le désordre n'est pas dans les faits, mais il est entré bien profondément dans les esprits. Regardez ce qui se passe au sein de ces classes ouvrières, […] Ne voyez-vous pas qu'il se répand peu à peu dans leur sein des opinions, des idées, qui ne vont point seulement à renverser telles lois, tel ministère, tel gouvernement même, mais la société, à l'ébranler sur les bases sur lesquelles elle repose aujourd'hui ? N'écoutez-vous pas ce qui se dit tous les jours dans leur sein ? N'entendez-vous pas qu'on y répète sans cesse que tout ce qui se trouve au-dessus d'elles est incapable et indigne de les gouverner ; que la division des biens faite jusqu'à présent dans le monde est injuste ; que la propriété repose sur des bases qui ne sont pas les bases équitables ? […] Ma conviction profonde [est] que nous nous endormons à l'heure qu'il est sur un volcan ! »
    Et Tocqueville rappelle dans ses Souvenirs que son discours en fit sourire beaucoup. Moins d’un mois après la révolution éclatait.
    Comment en était-on arrivé là ?
    Depuis 18 ans, depuis la révolution de 1830, une seule classe-caste, la bourgeoisie d’argent s’était emparée de tous les pouvoirs politiques et économiques. Guizot avait mis en place une économie de la rente sans souci du développement de l’industrie et de l’économie réelle du pays « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne ». L'économie de Guizot c'était l'économie de la rente, des rentiers de Paris, décrivait Tocqueville dans son second Mémoire sur le Paupérisme.
    Les classes populaires et le prolétariat, explique Tocqueville, avaient été tenues à l’écart de l’enrichissement du pays et végétaient dans une situation médiocre et précaire au moment même où des scandales politico-économiques ternissaient la classe politique, d’où cet appel qui clôt son discours :
    « Gardez les lois, si vous voulez ; quoique je pense que vous ayez grand tort de le faire, gardez-les ; gardez même les hommes, si cela vous fait plaisir : je n’y fais, pour mon compte, aucun obstacle ; mais, pour Dieu, changez l’esprit du gouvernement, car, je vous le répète, cet esprit-là vous conduit à l’abîme. »
    La Campagne des Banquets, 1847-1848…
    Pour contourner l’interdiction des réunions publiques les opposants, essentiellement des représentants de l’opposition dynastique, rejoints par des républicains, organisent des Banquets pour donner forme à leurs revendications et, pour élargir leur audience, établissent le contact en direction du monde du travail. Tocqueville refusa de s’associer à la campagne des Banquets prévenant ses collègues qu’ils ouvraient la boite de Pandore, lançant un mouvement dont la maîtrise ne pouvait pas manquer de leur échapper.

    Tous les membres de la classe politique appartenaient de fait à la même caste.

    En faisant appel à la classe ouvrière pour laquelle ils n’avaient rien fait pendant 18 ans, ils ouvraient la porte à des revendications qu’ils ne pourraient satisfaire et qui amènerait nécessairement des menées révolutionnaires :

    « Pour la première fois depuis dix-huit ans, disais-je, vous entreprenez de parler au peuple et vous cherchez votre point d’appui en dehors de la classe moyenne ; […] si vous parvenez, […] â agiter le peuple, vous ne pouvez pas plus prévoir que moi où doit vous conduire une agitation de cette espèce.révolution de 1848, caste,
    À mesure que la campagne des banquets se prolongeait, cette dernière hypothèse devenait, contre mon attente, la plus vraisemblable. Une certaine inquiétude commençait à gagner les meneurs eux-mêmes. […] l’agitation créée dans le pays par les banquets dépassait non seulement les espérances mais les désirs de ceux qui l'avaient fait naître ; ceux-ci travaillaient plutôt à la calmer qu'à l'accroître. […] La vérité est qu'ils ne cherchaient qu'une issue pour sortir du mauvais chemin dans lequel ils étaient entrés. »

    Après les journées révolutionnaires de février, et dans la campagne pour les premières élections législatives au suffrage universel, Tocqueville justifie son attitude face à ceux qui lui reprochent de ne pas avoir participé aux Banquets et il leur déclare :

    « « Pourquoi vous êtes-vous séparé de l'opposition à l'occasion des banquets ?» me dit-on. Je répondis hardiment : « Je ne voulais pas de banquets parce que je ne voulais pas de révolution, et j'ose dire que presque aucun de ceux qui se sont assis à ces banquets ne l'auraient fait, s'ils avaient prévu, comme moi, l'événement qui allait en sortir. La seule différence que je vois donc entre vous et moi, c'est que je savais ce que vous faisiez tandis que vous ne le saviez pas vous-mêmes ». Cette audacieuse profession de foi antirévolutionnaire avait été précédée d'une profession de foi républicaine ; la sincérité de l'une avait paru attestée par la sincérité de l'autre ; l'assemblée rit et applaudit. On se moqua de mes adversaires et je sortis triomphant. »

     

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  • 1848-2018 Comprendre ce qui se passe

    Ceci n'est qu'un début, le texte est en cours de réalisation, mais il faut bien tenter d'éclairer le pourquoi:
    1848-2018, pour comprendre la situation présente
    « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre », le pouvoir n’est qu’une illusion et n’appartient pas à ceux qui croient le posséder.

    Les leçons de la révolution de 1848

    À relecture des causes et du déroulement de la révolution de 1848 on comprend mieux l’origine et l’évolution des évènements qui ont conduit à la situation insurrectionnelle actuelle.
    Depuis plus de 10 ans maintenant, avant même l’élection de Sarkozy, j’ai maintes fois expliqué dans mes textes et mes conférences comment la situation qui s’est installée en France depuis le 5 juillet 1972 a placé le pays dans un état comparable à celui de la fin de la Monarchie de Juillet qui a conduit à la révolution de 1848 que Tocqueville annonçait dans un discours à la Chambre, le 27 janvier, moins d’un mois avant l’explosion :
    « On dit qu'il n'y a point de péril, parce qu'il n'y a pas d'émeute ; on dit que, comme il n'y a pas de désordre matériel à la surface de la société, les révolutions sont loin de nous. Messieurs, permettez-moi de vous dire que je crois que vous vous trompez. Sans doute, le désordre n'est pas dans les faits, mais il est entré bien profondément dans les esprits. Regardez ce qui se passe au sein de ces classes ouvrières, […] Ne voyez-vous pas qu'il se répand peu à peu dans leur sein des opinions, des idées, qui ne vont point seulement à renverser telles lois, tel ministère, tel gouvernement même, mais la société, à l'ébranler sur les bases sur lesquelles elle repose aujourd'hui ? N'écoutez-vous pas ce qui se dit tous les jours dans leur sein ? N'entendez-vous pas qu'on y répète sans cesse que tout ce qui se trouve au-dessus d'elles est incapable et indigne de les gouverner ; que la division des biens faite jusqu'à présent dans le monde est injuste ; que la propriété repose sur des bases qui ne sont pas les bases équitables ? […] Ma conviction profonde [est] que nous nous endormons à l'heure qu'il est sur un volcan ! »
    Et Tocqueville rappelle dans ses Souvenirs que son discours en fit sourire beaucoup. Moins d’un mois après la révolution éclatait.
    Comment en était-on arrivé là ?
    Depuis 18 ans, depuis la révolution de 1830, une seule classe-caste, la bourgeoisie d’argent s’était emparée de tous les pouvoirs politiques et économiques. Guizot avait mis en place une économie de la rente sans souci du développement de l’industrie et de l’économie réelle du pays « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne ». L'économie de Guizot c'était l'économie de la rente, des rentiers de Paris, décrivait Tocqueville dans son second Mémoire sur le Paupérisme.
    Les classes populaires et le prolétariat, explique Tocqueville, avaient été tenues à l’écart de l’enrichissement du pays et végétaient dans une situation médiocre et précaire au moment même où des scandales politico-économiques ternissaient la classe politique, d’où cet appel qui clôt son discours :
    « Gardez les lois, si vous voulez ; quoique je pense que vous ayez grand tort de le faire, gardez-les ; gardez même les hommes, si cela vous fait plaisir : je n’y fais, pour mon compte, aucun obstacle ; mais, pour Dieu, changez l’esprit du gouvernement, car, je vous le répète, cet esprit-là vous conduit à l’abîme. »
    La Campagne des Banquets, 1847-1848…
    Pour contourner l’interdiction des réunions publiques les opposants, essentiellement des représentants de l’opposition dynastique, rejoints par des républicains, organisent des Banquets pour donner forme à leurs revendications et, pour élargir leur audience, établissent le contact en direction du monde du travail. Tocqueville refusa de s’associer à la campagne des Banquets prévenant ses collègues qu’ils ouvraient la boite de Pandore, lançant un mouvement dont la maîtrise ne pouvait pas manquer de leur échapper.

    Tous les membres de la classe politique appartenaient de fait à la même caste.

    En faisant appel à la classe ouvrière pour laquelle ils n’avaient rien fait pendant 18 ans, ils ouvraient la porte à des revendications qu’ils ne pourraient satisfaire et qui amènerait nécessairement des menées révolutionnaires :

    « Pour la première fois depuis dix-huit ans, disais-je, vous entreprenez de parler au peuple et vous cherchez votre point d’appui en dehors de la classe moyenne ; […] si vous parvenez, […] â agiter le peuple, vous ne pouvez pas plus prévoir que moi où doit vous conduire une agitation de cette espèce.gilets jaunes,révolution de 1848,élites
    À mesure que la campagne des banquets se prolongeait, cette dernière hypothèse devenait, contre mon attente, la plus vraisemblable. Une certaine inquiétude commençait à gagner les meneurs eux-mêmes. […] l’agitation créée dans le pays par les banquets dépassait non seulement les espérances mais les désirs de ceux qui l'avaient fait naître ; ceux-ci travaillaient plutôt à la calmer qu'à l'accroître. […] La vérité est qu'ils ne cherchaient qu'une issue pour sortir du mauvais chemin dans lequel ils étaient entrés. »

    Après les journées révolutionnaires de février, et dans la campagne pour les premières élections législatives au suffrage universel, Tocqueville justifie son attitude face à ceux qui lui reprochent de ne pas avoir participé aux Banquets et il leur déclare :

    « « Pourquoi vous êtes-vous séparé de l'opposition à l'occasion des banquets ?» me dit-on. Je répondis hardiment : « Je ne voulais pas de banquets parce que je ne voulais pas de révolution, et j'ose dire que presque aucun de ceux qui se sont assis à ces banquets ne l'auraient fait, s'ils avaient prévu, comme moi, l'événement qui allait en sortir. La seule différence que je vois donc entre vous et moi, c'est que je savais ce que vous faisiez tandis que vous ne le saviez pas vous-mêmes ». Cette audacieuse profession de foi antirévolutionnaire avait été précédée d'une profession de foi républicaine ; la sincérité de l'une avait paru attestée par la sincérité de l'autre ; l'assemblée rit et applaudit. On se moqua de mes adversaires et je sortis triomphant. »

     

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  • Les six cognes sont de retour.

    Pour en revenir à Benalla, il faut expliquer pourquoi et comment ce type peut être lieutenant-colonel de gendarmerie (certes de réserve) à 26 ans.

    Ben mon colon !  (J’aimerais également qu’on m’explique et me détaille le parcours d’Aquilino Morelle, cher conseiller de Hollande, qui n’est pas techniquement possible tel qu’annoncé … et la thèse de Cambadélis … et la tête et le bec, alouette…!)

    Lors de la dernière campagne présidentielle, la France se trouvait, depuis bien longtemps dans la même situation qu’à la fin de la Monarchie de Juillet où une seul classe-caste, enlisée dans les affaires, se partageait tous les pouvoirs politiques et économiques depuis 18 ans. Actuellement la situation est la même depuis 45 ans !

    J'aime le peuple, un État irréprochable,

     

    Tocqueville faisait cet avertissement à la Chambre le 27 janvier 1848 :

    « ce n’est pas le mécanisme des lois qui produit les grands événements, messieurs, c’est l’esprit même du gouvernement. Gardez les lois, si vous voulez ; quoique je pense que vous ayez grand tort de le faire, gardez-les ; gardez même les hommes, si cela vous fait plaisir : je n’y fais, pour mon compte, aucun obstacle ; mais, pour Dieu, changez l’esprit du gouvernement, car, je vous le répète, cet esprit-là vous conduit à l’abîme ».

    Il annonçait la révolution de 1848, elle éclatait moins d’un mois plus tard !Tontons maroutes

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  • "On le contraindra à être libre" (Rousseau, Le Contrat Social.)

    « On le contraindra à être libre », ou "Les bonnes lectures...."Tocqueville Moraliste, Rousseau, Goulag
    Samedi soir le philosophe préféré de nos médias présentait comme sienne une lecture de Rousseau que j’ai déjà livrée maintes fois au lecteur dans "Tocqueville moraliste" et "Comprendre Tocqueville" (2004), dans ma double biographie de Tocqueville en 2005 (Bayard) et 2013, (Perrin). Vous y trouverez cette analyse dans laquelle j’écris ceci :
    « Mais comment le Souverain assurera-t-il son autorité si l’un ou l’autre des citoyens refuse comme c’est vraisemblable de se soumettre à la volonté de la majorité ? Comment le citoyen peut-il rester libre d’engager toutes ses forces pour que la volonté de la majorité corresponde à sa volonté propre, tout en obéissant à la volonté générale du moment ? La réponse de Rousseau est limpide : Biographie Tocqueville, Perrin, Comprendre Tocqueville, Rousseau, Contrat Social,
    Afin donc que ce pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement, qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale, y sera contraint par tout le corps ; ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera à être libre, car telle est la condition qui, donnant chaque citoyen à la patrie, le garantit de toute dépendance personnelle, condition qui fait l’artifice et le Jeu de la machine politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels, sans cela, seraient absurdes, tyranniques, et sujets aux plus énormes abus.
    Ces textes essentiels des chapitres 6 et 7 du Livre I du Contrat social contiennent déjà en germe toutes les dérives qui conduisent potentiellement aux despotismes « démocratiques » car tel est l’élément majeur qui choque la doxa pour laquelle la démocratie est antinomique du despotisme, et pourtant l’histoire nous a appris à quelles dérives conduisent ces systèmes qui entendent « condamner l’individu à être libre »,(et j’ajoute en note : Pensons par exemple à la logique imparable des camps de rééducation chinois ou vietnamiens : ou bien le prisonnier ne comprenait pas pourquoi il était là, c’était donc qu’il était associable et porteur encore des fausses valeurs et du dogme des libertés formelles, ou bien il avait compris pourquoi il était là et ne pouvait par conséquent songer à demander à sortir !)

     
     
     
     
  • Édition des Mémoires d'Hervé de Tocqueville

    Un texte remarquable dont l'édition était attendue depuis des décennies.

    Tocqueville, mémoires Hervé, Restauration

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  • Jennifer Pitts, Université de Chicago à propos du dictionnaire Tocqueville

    image001.jpgThis remarkable dictionary draws on Benoît’s vast knowledge of Tocqueville’s life and family, and his intellectual and political preoccupations, to present vivid and original brief essays on a striking array of subjects. General readers and specialists alike will learn much from entries on topics large and small, from “liberalism” to “rubbish,” all taken up with Benoît’s characteristically lively judgment. Topics connected with empire, slavery, and political economy receive particularly thorough treatment. Throughout, Benoît pays welcome attention to Tocqueville’s use of language and his literary style.a-turn-to-empire.jpg

    Jennifer Pitts

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  • Au revoir Jean d'Ormesson

    Voici la copie de la lettre que Jean d’Ormesson m’avait expédiée le 11 juin 2006 en réponse au courrier dans lequel je lui parlais d’un de mes ouvrages.
    Mercredi dernier à 11h46 (smartphone faisant foi) il m’a appelé et nous avons parlé quelques minutes de mon Dictionnaire Tocqueville, de Tocqueville et de l’Académie où il allait moins souvent parce qu’il était fatigué, mais il s’y rendrait très bientôt. Nous avons parlé des tocquevilliens et de l’Académie, il a cité le nom de Giscard et, quand je lui ai donné le nomme Fumaroli (qui faisait un éloge ému de matin de son ami), il m’a dit : « Nous mangeons ensemble demain midi ».

    Il n’évoquait donc pas la perspective d’une mort si rapprochée.

    Jean d’Ormesson était avant tout un homme libre. Il en existe si peu, une clarté, une élégance, un style, pas celui de Chateaubriand qui était pourtant son modèle mais qu’il n’essayait pas de copier.

    Jean d’Ormesson c’était aussi un style, un style différent et personnel, et « le style c’est l’homme »

    Au revoir Jean d’Ormesson, vous que j’ai entendu dire un jour que vous étiez au fond un agnostique marqué par son catholicisme hérité de sa vie et de sa famille, agnostique, comme Tocqueville. Comme lui, vous ne saviez pas ce qu’il y a derrière le rideau, ni même il y a quelque chose ou quelqu’un, vous le savez peut-être maintenant.

    Au revoir

    Jean-Louis Benoît

  • Au revoir Jean d'Ormesson

    J'ai appris ce matin la mort de Jean d'Ormesson. Je pense à lui pour de multiples raisons que je préciserai bientôt. Mercredi dernier dernier, 29 novembre à 11h46 mon téléphone sonne, surprise c'était lui. Il m'appelait à la suite d'un courrier que je lui avais expédié à l'Académie le 24. Il m'a dit : "Vous savez, je suis bien fatigué". Puis nous avons parlé, quelques petites minutes, de Tocqueville à propos duquel je lui avais déjà écrit voici plusieurs années, il m'avait alors répondu par lettre. Lors de notre conversation il a cité le nom de Giscard comme l'un des académiciens connaissant Tocqueville. Je lui ai dit : "il y en a d'autres, Fumaroli par exemple" et il m'a répondu : " Je le vois demain midi, nous mangeons ensemble".
    Ce jour là il était fatigué, il savait qu'il arrivait au terme de sa vie mais il ne pensait pas sa mort si proche car il comptait se rendre encore prochainement à l'Académie.

  • Réponse au dernier livre de Michel Onfray et à la quintessence du condensé de F.O. Giesbert dans Le Point du 17 novembre 2017.

    Le 15 août 1834, Tocqueville rejoint son ami Beaumont au château de Gallerande. Ils sont en train d’achever leurs deux ouvrages. Le propos de celui de Beaumont est la dénonciation de l’esclavage mais aussi du génocide des Indiens : Marie ou de l’esclavage aux Etats-Unis. D’un commun accord les deux amis avaient décidé que Tocqueville traiterait des institutions américaines, mais au début 1834 des émeutes raciales tournées contre les Noirs ont éclaté à New York. Situation très grave; Beaumont consacrera un chapitre à ces massacres : « L’émeute » et Tocqueville rédige un nouveau chapitre, le dernier de la première Démocratie à L’avenir des trois races, qui représente ¼ de la totalité du livre, à la dénonciation du génocide des Indiens, de l’esclavage et de la situation faite aux Indiens et aux Noirs.

    Tocqueville et Beaumont avaient bien pris conscience de la nature exacte du crime contre l’humanité qui se déroulait et la publication du livre de Beaumont et l’inclusion, dans celui de Tocqueville, du chapitre X, répondaient au besoin de témoigner, de dénoncer la double atteinte au droit naturel et aux droits des individus et des peuples, véritable déni de démocratie au sein même de la grande démocratie moderne ; et, pour Tocqueville, il était devenu capital d’établir qu’il n’était pas passé à côté de l’existence de cette antinomie démocratique.

    C’est là le thème de ma communication au symposium organisé par Liberty Fund à Compostelle en 2008, publiée dans l’édition de Tocqueville’s Voyage, réalisée par Christine Dunn Henderson pour Liberty Fund  

    Tocqueville, Indiens,génocide, esclavage, noirs,

    dont on peut lire la version française sur :

    http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoit_jean_louis/reflexions_tocquevilliennes/reflexions.html

     

    L’inversion de la perspective et le changement total de point de vue sur le sort réservé aux Indiens

    Le dernier chapitre de La démocratie est d’autant plus remarquable qu’en ce qui concerne la question des Indiens, Tocqueville inverse la perspective du premier chapitre de l’ouvrage concernant les conditions faites aux Indiens et leur destinée. Là, après avoir souligné les vertus des Indiens, il se plaçait dans une perspective historique admettant que si les Indiens étaient certes les premiers occupants du pays, ils n’en étaient pas pour autant vraiment les propriétaires, se ralliant, en vertu de la force des lois du développement historique, au point de vue des citoyens américains pour lesquels les Indiens n’avaient été jusqu’alors que les usufruitiers temporaires du sol, « en attendant ».

    Dans le chapitre X, au contraire, il dénonce avec vigueur le génocide qui est décidé et que Jackson, le premier grand génocidaire moderne, est bien décidé à mener le crime à son terme.

     

    Il faut donc en finir avec les élucubrations aberrantes et malhonnêtes.

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  • État social démocratique, démocratie, despotismes et démocratures

    • Un mouvement irrésistible (nous) entraîne chaque jour, et (nous)marchons en aveugles, peut-être vers le despotisme, peut-être vers la république, mais à coup sûr vers un état social démocratique ?(A., I, 2, ch.5)

     

    Introduction

    Tocqueville analyste de la démocratie moderne : une pensée pour aujourd’hui (les pathologies de la démocratie actuelle).

    Tocqueville annonce le surgissement inéluctable de la démocratie : États-Unis, États de droit de l’Europe occidentale ; une seule alternative désormais : démocratie ou despotisme sachant que le despotisme n’est pas antinomique avec la démocratie, il en est l’un des avatars, l’une des voies de sortie.

    « la démocratie coule à pleins bords »

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  • À propos de "Tocqueville et les Apaches".

    Réponse à Michel Onfray

    Mise au point sur Tocqueville les Indiens et les Noirs, l’Algérie et 1848

    Pendant le week-end du 14-15 janvier 2017 a eu lieu à Caen l’inauguration de la médiathèque Tocqueville.

    Le maire de Caen avait décidé de donner le nom de Tocqueville à cette nouvelle médiathèque et j’avais tenu à le féliciter de cette décision en lui envoyant un petit courrier. Il a décidé de centrer les événements qui marqueraient ces deux jours autour de Michel Onfray qui échangeait le dimanche matin avec Brigitte Krulic sur : « Alexis de Tocqueville historien et philosophe » et devait donner l’après-midi une « Leçon » au Conservatoire de Caen, retransmise en direct dans le forum de la bibliothèque Alexis de Tocqueville : « Alexis de Tocqueville, la passion de la liberté ».

    Pendant ces deux jours on remettait gracieusement aux centaines de visiteurs un petit ouvrage : « Michel Onfray La passion de la liberté, Tocqueville contre le despotisme démocratique[1]. »

    Le calendrier des manifestations avait été arrêté avec Michel Onfray et des invitations avaient été lancées aux personnalités mais j’appris huit jours auparavant que la « Leçon » était reportée à une date ultérieure, sans autre précision sur la raison de ce report.

    Joël Bruneau, maire de Caen, avait fait appel à Michel Onfray pour des raisons médiatiques. Je l’avais entendu précédemment à deux ou trois reprises évoquer Tocqueville de façon critique en utilisant les arguments habituels de la doxa des anti-tocquevilliens qui correspondaient assez bien à ses orientations politico-idéologiques, même si elles sont mouvantes et difficiles à cerner.

    Dans la préface de son dernier livre il écrit :

    « Longtemps je n'avais lu de Tocqueville que son Ancien régime et la Révolution française[2].(…) Je n'y avais pas compris grand-chose tant cet ouvrage exige en amont des connaissances sur la Révolution française. »

    Et il précise :

    « Quand Joël Bruneau, le maire de Caen, m'a sollicité pour le discours inaugural de la médiathèque, qui venait de prendre son nom. J'ai accepté en me disant que j'aurais ainsi l'occasion de revenir à un auteur que je n'avais lu que partiellement. »

    Dans son premier livre, Michel Onfray a puisé un très grand nombre d’éléments dans ma biographie[3] sans jamais signaler ses sources, sauf une fois, à la fin du livre :

    « Jean-Louis Benoît a écrit dans son incontournable Tocqueville, un destin paradoxal : ‘C’est à ce moment précis de sa vie que Tocqueville envisage le programme le plus social, le plus marqué à gauche, de toute sa carrière, qui est également le programme le plus avancé de toute la gauche réformiste sous la Monarchie de Juillet.’ »

    Et il fait de cet emprunt, Tocqueville homme de gauche, le leitmotiv de son livre ; d’aucuns parleraient de plagiat, et cependant, je préfère préciser qu’il s’agissait chez moi de présenter ces idées de Tocqueville dans leur contexte historique, celui de la gauche réformiste, ni socialisante ni communisante, de la Monarchie de Juillet. Pagnerre, homme de gauche et républicain qui fut reçu au château de Tocqueville et qui réalisa en 1848, la treizième édition de De la démocratie en Amérique, avait effectivement considéré qu’il pouvait inclure Tocqueville dans les députés de gauche de la Monarchie de Juillet, mais un homme de gauche atypique, tant il était marqué par ses origines, mais qui était pour la réforme, l’abaissement du cens menant à terme au suffrage universel et qui, bien qu’anglophile, voulait que la France tienne tête à l’Angleterre toujours soucieuse de nous tailler des croupières. Tels étaient les marqueurs retenus par Pagnerre ; le dernier notamment est l’une des raisons pour lesquelles il entendait que la France se maintienne en Algérie.

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  • État social démocratique, démocratie, despotismes et démocratures

    Ouest-France  16 octobre 2017  e m'inscris !

    « Pourquoi il faut lire les écrits de Tocqueville »

     

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  • Dictionnaire Tocqueville

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  • Rocard et Velazquez

    Michel Rocard vient de mourir ; comment ne pas se retourner sur 50 ans de la vie politique que nous avons connue, vécue, subie et dont nous portons la responsabilité et les stigmates.

    Après la disparition de de Gaulle, trahi par les siens (poignardé même dans le discours de Rome « Tu quoque mi fili !), débarqué au moment où il entendait engager les réformes les plus importantes, après le renvoi de Chaban, congédié comme un valet, pour les mêmes raisons, il ne restait en France qu’un homme politique de première importance, Michel Rocard qui vient de nous quitter après avoir jugé l’état de la gauche actuelle  - mais il y a belle lurette que l’électroencéphalogramme du parti socialiste est plat : la SFIO, Mollet ; l’erreur de Rocard, après l’expérience du PSU, fut de croire qu’il était possible de lui insuffler une nouvelle vie, de l’engager sur la voie de la vérité et de la vertu citoyenne et politique… avec Mitterrand !!!Rocard, Mitterand, de Gaulle, Chaban, Mollet

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  • La crise agricole - écouter les propos remarquables d'Edgar Pisani

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    L'ensemble de l'entretien est intéressant, les 15 dernières minutes sont absolument remarquables. L'orientation proposée ici, la seule possible pour sauver la situation, n'est malheureusement pas prise en compte par une politique nationale et européenne qui prend le chemin inverse ! Le président de la FNSEA est un agro-industriel ; la solution qu'il propose consiste à poursuivre le développement de structures de très grande dimension qui ne font qu'aggraver le problème. Vous comprendrez pourquoi la politique agricole suivie depuis 20 ans et plus mène à la catastrophe, et pourquoi les choix du « toujours plus » reviennent à prendre une autoroute à l'envers...

    www.franceculture.fr/.../nourrir-la-ville-grand-temoin-edgard-pisani-rediffusion-du-4..

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