Le blog de JL Benoîtà propos de Tocqueville2023-09-18T03:17:18+02:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.htmlMusclez vos neuronestag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2019-07-29:61673052019-07-29T23:48:19+02:002019-07-29T23:43:00+02:00 Musclez vos neurones, profitez de vos vacances pour lire Tocqueville...
<p><strong>Musclez vos neurones, profitez de vos vacances pour lire Tocqueville</strong></p><p><a href="http://www.edi-tocqueville-jlb.fr/livres.html?fbclid=IwAR1ekN4nxKZ12SItOjJnHsmFZsJVqvDsj9m538XTfBbVal80WA6siy2YAfw" target="_blank" rel="noopener nofollow" data-ft="{"tn":"-U"}" data-lynx-mode="origin" data-lynx-uri="https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fwww.edi-tocqueville-jlb.fr%2Flivres.html%3Ffbclid%3DIwAR1ekN4nxKZ12SItOjJnHsmFZsJVqvDsj9m538XTfBbVal80WA6siy2YAfw&h=AT1nIdL7HrGahil6p88rJkZ-r0ll9nEYOYS5j2VIfrzpkV1uS0HIOfZjs4fmonFPLGUqhEMfn-zTUMWhCgfxVPRiB7LATJNe0K0ybXI0qJOlnV3ZDCia5z5eL5dGpa-TlYkup1LXOyH_8a7fRO1VAMxhcVwuDs8cOh2quE8">http://www.edi-tocqueville-jlb.fr/livres.html</a></p><p>Profitez des vacances pour muscler vos neurones: lisez Tocqueville, vous vous sentirez différents de vos députés et sénateurs qui n'en ont pas lu une page, se contentant de leurs ersatz, canigou avalé dans les digests de leurs hebdos à prétention culturelle !</p><p style="text-align: center;"><img id="media-6017830" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/01/02/3851677472.jpg" alt="alexis1bb_2.jpg" /></p>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.htmlLes associations un enjeu capital pour la démocratietag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2019-07-20:61653582019-07-20T01:58:35+02:002019-07-20T01:58:35+02:00 « Dans les pays démocratiques, la science de l'association est la...
<p style="font-size: medium; font-family: Georgia; color: #000000;"><strong><span style="font-size: 11pt; font-family: Garamond;">« <em>Dans les pays démocratiques, la science de l'association est la science mère, le progrès de toutes les autres dépend des progrès de celle-là. »</em></span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6015019" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/02/02/1829355347.jpg" alt="Alexis buste.jpg" /></p><p style="font-size: medium; font-family: Georgia; color: #000000;"><strong><span style="font-size: 11pt; font-family: Garamond;"> </span></strong></p><p style="font-size: medium; font-family: Georgia; color: #000000;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Garamond;">Dans <em>De la Démocratie en Amérique, </em>Tocqueville consacre, en 1835 comme en 1840, de longs développements à la nature et à l’importance des associations aux États-Unis. Il a d’abord été surpris par le nombre considérable d’associations très différentes en nature comme en importance :</span></p><p style="font-size: medium; font-family: Georgia; color: #000000;"><em><span style="font-family: Georgia;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Garamond;">« Les Américains de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les esprits, s'unissent sans cesse. Non seulement ils ont des associations commerciales et industrielles auxquelles tous prennent part, mais ils en ont encore de mille autres espèces : de religieuses, de morales, de graves, de futiles, de fort générales et de très particulières, d'immenses et de fort petites ; les Américains s'associent pour donner des fêtes, fonder des séminaires, bâtir des auberges, élever des églises, répandre des livres, envoyer des missionnaires aux antipodes ; ils créent de cette manière des hôpitaux, des prisons, des écoles. S'agit-il enfin de mettre en lumière une vérité ou de développer un sentiment par l'appui d'un grand exemple, ils s'associent. Partout où, à la tête d'une entreprise nouvelle, vous voyez en France le gouvernement et en Angleterre un grand seigneur, comptez que vous apercevrez aux États-Unis une association »</span></span></em><a name="_ftnref1"></a><span style="font-size: 11pt; font-family: Garamond;">[1]</span><span style="font-size: 11pt; font-family: Garamond;">.</span></p><p style="color: #000000; font-family: -webkit-standard;"> </p><p style="font-size: 10pt; font-family: Georgia; color: black;"><a name="_ftn1"></a><span style="font-size: 10pt; font-family: Georgia; color: black;">[1]</span><em>De la Démocratie en Amérique, </em>II, 1840, (D.A.II, II, ch. 5.)</p>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.htmlÉloge du peuple de Francetag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2018-12-08:61113772018-12-08T00:57:45+01:002018-12-08T00:57:45+01:00 Dernière page de L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville: Et...
<img src="https://size.blogspirit.net/hautetfort.com/jeanlouisbenoit/600/media/01/01/3897860197.png" alt=""/><p>Dernière page de<strong><em> L'Ancien Régime et la Révolution</em></strong> de Tocqueville:</p><p>Et si on repensait à ce dont la France est/a été capable ! (re)lisez donc la dernière page de L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville (l'ouvrage le plus lu en ligne, dont nos politiques n'ont pas lu une ligne:<br />Quand je considère cette nation en elle-même, je la trouve plus extraordinaire qu'aucun des événements de son histoire. En a-t-il jamais paru sur la terre une seule qui fût si remplie de contrastes et si extrêmes dans chacun de ses actes, plus conduite par des sensations, moins par des principes ; faisant ainsi toujours plus mal ou mieux qu'on ne s'y attendait, tantôt au-dessous du niveau commun de l'humanité, tantôt fort au-dessus ; un peuple tellement inaltérable dans ses principaux instincts qu'on le reconnaît encore dans des portraits qui ont été faits de lui y il a deux ou trois mille ans, et en même temps tellement mobile dans ses pensées journalières et dans ses goûts qu'il finit par se devenir un spectacle inattendu à lui-même, et demeure souvent aussi surpris que les étrangers à la vue de ce qu'il vient de faire ; le plus casanier et le plus routinier de tous quand on l'abandonne à lui-même, et lorsqu'une fois on l'a arraché malgré lui à son logis et à ses habitudes, prêt à pousser jusqu'au bout du monde et à tout oser ; indocile par tempérament, et s'accommodant mieux toutefois de l'empire arbitraire et même violent d'un prince que du gouvernement régulier et libre des principaux citoyens ; aujourd'hui</p><p>L'ennemi déclaré de toute obéissance demain mettant a servir une sorte de passion que les nations les mieux douées pour la servitude ne peuvent atteindre ; conduit par un fil tant que personne ne résiste, ingouvernable dès que l'exemple de la résistance est donné quelque part ; trompant toujours ainsi ses maîtres, qui le craignent ou trop ou trop peu ; jamais si libre qu'il faille désespérer de l'asservir, ni si asservi qu'il ne puisse encore briser le joug; apte à tout, mais n'excellant que dans la guerre; adorateur du hasard, de la force, du succès, de l'éclat et du bruit, plus que de la vraie gloire; plus capable d'héroïsme que de vertu, de génie que de bon sens, propre à concevoir d'immenses desseins plutôt qu'à parachever de grandes entreprises ; la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l'Europe, et la mieux faite pour y devenir tour à tour un objet d'admiration, de haine, de pitié, de terreur, mais jamais d'indifférence ?</p><p>Elle seule pouvait donner naissance à une révolution si soudaine, si radicale, si impétueuse dans son cours, et pourtant si pleine de retours, de faits contradictoires et d'exemples contraires. Sans les raisons que j'ai dites, les Français ne l'eussent jamais faite ; mais il faut reconnaître que toutes ces raisons ensemble n'auraient pas réussi pour expliquer une révolution pareille ailleurs qu'en France.</p><p>Me voici parvenu jusqu'au seuil de cette révolution mémorable ; cette fois je n'y entrerai point : bientôt peut-être pourrai-je le faire. Je ne la considérerai plus alors dans ses causes, je l'examinerai en elle-même, et j'oserai enfin juger la société qui en est sortie.</p>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.html1848-2018 Pour aider à comprendre ce qui se passetag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2018-12-07:61113542018-12-07T22:02:15+01:002018-12-07T22:02:15+01:00...
<p>http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoit_jean_louis/Pour_lecture_tocquevillienne_crise_fr/Pour_lecture_crise_fr.html</p><p>Ceci n'est qu'un début, le texte est en cours de réalisation, mais il faut bien tenter d'éclairer le pourquoi:<br />1848-2018, pour comprendre la situation présente <br />« Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre », le pouvoir n’est qu’une illusion et n’appartient pas à ceux qui croient le posséder.</p><p>Les leçons de la révolution de 1848</p><p>À relecture des causes et du déroulement de la révolution de 1848 on comprend mieux l’origine et l’évolution des évènements qui ont conduit à la situation insurrectionnelle actuelle.<br />Depuis plus de 10 ans maintenant, avant même l’élection de Sarkozy, j’ai maintes fois expliqué dans mes textes et mes conférences comment la situation qui s’est installée en France depuis le 5 juillet 1972 a placé le pays dans un état comparable à celui de la fin de la Monarchie de Juillet qui a conduit à la révolution de 1848 que Tocqueville annonçait dans un discours à la Chambre, le 27 janvier, moins d’un mois avant l’explosion :<br />« On dit qu'il n'y a point de péril, parce qu'il n'y a pas d'émeute ; on dit que, comme il n'y a pas de désordre matériel à la surface de la société, les révolutions sont loin de nous. Messieurs, permettez-moi de vous dire que je crois que vous vous trompez. Sans doute, le désordre n'est pas dans les faits, mais il est entré bien profondément dans les esprits. Regardez ce qui se passe au sein de ces classes ouvrières, […] Ne voyez-vous pas qu'il se répand peu à peu dans leur sein des opinions, des idées, qui ne vont point seulement à renverser telles lois, tel ministère, tel gouvernement même, mais la société, à l'ébranler sur les bases sur lesquelles elle repose aujourd'hui ? N'écoutez-vous pas ce qui se dit tous les jours dans leur sein ? N'entendez-vous pas qu'on y répète sans cesse que tout ce qui se trouve au-dessus d'elles est incapable et indigne de les gouverner ; que la division des biens faite jusqu'à présent dans le monde est injuste ; que la propriété repose sur des bases qui ne sont pas les bases équitables ? […] Ma conviction profonde [est] que nous nous endormons à l'heure qu'il est sur un volcan ! » <br />Et Tocqueville rappelle dans ses Souvenirs que son discours en fit sourire beaucoup. Moins d’un mois après la révolution éclatait. <br />Comment en était-on arrivé là ?<br />Depuis 18 ans, depuis la révolution de 1830, une seule classe-caste, la bourgeoisie d’argent s’était emparée de tous les pouvoirs politiques et économiques. Guizot avait mis en place une économie de la rente sans souci du développement de l’industrie et de l’économie réelle du pays « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne ». L'économie de Guizot c'était l'économie de la rente, des rentiers de Paris, décrivait Tocqueville dans son second Mémoire sur le Paupérisme.<br />Les classes populaires et le prolétariat, explique Tocqueville, avaient été tenues à l’écart de l’enrichissement du pays et végétaient dans une situation médiocre et précaire au moment même où des scandales politico-économiques ternissaient la classe politique, d’où cet appel qui clôt son discours :<br />« Gardez les lois, si vous voulez ; quoique je pense que vous ayez grand tort de le faire, gardez-les ; gardez même les hommes, si cela vous fait plaisir : je n’y fais, pour mon compte, aucun obstacle ; mais, pour Dieu, changez l’esprit du gouvernement, car, je vous le répète, cet esprit-là vous conduit à l’abîme. »<br />La Campagne des Banquets, 1847-1848…<br />Pour contourner l’interdiction des réunions publiques les opposants, essentiellement des représentants de l’opposition dynastique, rejoints par des républicains, organisent des Banquets pour donner forme à leurs revendications et, pour élargir leur audience, établissent le contact en direction du monde du travail. Tocqueville refusa de s’associer à la campagne des Banquets prévenant ses collègues qu’ils ouvraient la boite de Pandore, lançant un mouvement dont la maîtrise ne pouvait pas manquer de leur échapper.</p><p>Tous les membres de la classe politique appartenaient de fait à la même caste.</p><p>En faisant appel à la classe ouvrière pour laquelle ils n’avaient rien fait pendant 18 ans, ils ouvraient la porte à des revendications qu’ils ne pourraient satisfaire et qui amènerait nécessairement des menées révolutionnaires :</p><p>« Pour la première fois depuis dix-huit ans, disais-je, vous entreprenez de parler au peuple et vous cherchez votre point d’appui en dehors de la classe moyenne ; […] si vous parvenez, […] â agiter le peuple, vous ne pouvez pas plus prévoir que moi où doit vous conduire une agitation de cette espèce.<img id="media-5924853" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/02/01/3176484589.jpg" alt="révolution de 1848, caste, " /><br />À mesure que la campagne des banquets se prolongeait, cette dernière hypothèse devenait, contre mon attente, la plus vraisemblable. Une certaine inquiétude commençait à gagner les meneurs eux-mêmes. […] l’agitation créée dans le pays par les banquets dépassait non seulement les espérances mais les désirs de ceux qui l'avaient fait naître ; ceux-ci travaillaient plutôt à la calmer qu'à l'accroître. […] La vérité est qu'ils ne cherchaient qu'une issue pour sortir du mauvais chemin dans lequel ils étaient entrés. »</p><p>Après les journées révolutionnaires de février, et dans la campagne pour les premières élections législatives au suffrage universel, Tocqueville justifie son attitude face à ceux qui lui reprochent de ne pas avoir participé aux Banquets et il leur déclare :</p><p>« « Pourquoi vous êtes-vous séparé de l'opposition à l'occasion des banquets ?» me dit-on. Je répondis hardiment : « Je ne voulais pas de banquets parce que je ne voulais pas de révolution, et j'ose dire que presque aucun de ceux qui se sont assis à ces banquets ne l'auraient fait, s'ils avaient prévu, comme moi, l'événement qui allait en sortir. La seule différence que je vois donc entre vous et moi, c'est que je savais ce que vous faisiez tandis que vous ne le saviez pas vous-mêmes ». Cette audacieuse profession de foi antirévolutionnaire avait été précédée d'une profession de foi républicaine ; la sincérité de l'une avait paru attestée par la sincérité de l'autre ; l'assemblée rit et applaudit. On se moqua de mes adversaires et je sortis triomphant. »</p><p> </p>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.html1848-2018 Comprendre ce qui se passetag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2018-12-07:61113442018-12-07T20:47:23+01:002018-12-07T20:40:00+01:00 Ceci n'est qu'un début, le texte est en cours de réalisation, mais il faut...
<p>Ceci n'est qu'un début, le texte est en cours de réalisation, mais il faut bien tenter d'éclairer le pourquoi:<br />1848-2018, pour comprendre la situation présente <span class="text_exposed_show"><br />« Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre », le pouvoir n’est qu’une illusion et n’appartient pas à ceux qui croient le posséder.</span></p><div class="text_exposed_show"><p>Les leçons de la révolution de 1848</p><p>À relecture des causes et du déroulement de la révolution de 1848 on comprend mieux l’origine et l’évolution des évènements qui ont conduit à la situation insurrectionnelle actuelle.<br />Depuis plus de 10 ans maintenant, avant même l’élection de Sarkozy, j’ai maintes fois expliqué dans mes textes et mes conférences comment la situation qui s’est installée en France depuis le 5 juillet 1972 a placé le pays dans un état comparable à celui de la fin de la Monarchie de Juillet qui a conduit à la révolution de 1848 que Tocqueville annonçait dans un discours à la Chambre, le 27 janvier, moins d’un mois avant l’explosion :<br />« On dit qu'il n'y a point de péril, parce qu'il n'y a pas d'émeute ; on dit que, comme il n'y a pas de désordre matériel à la surface de la société, les révolutions sont loin de nous. Messieurs, permettez-moi de vous dire que je crois que vous vous trompez. Sans doute, le désordre n'est pas dans les faits, mais il est entré bien profondément dans les esprits. Regardez ce qui se passe au sein de ces classes ouvrières, […] Ne voyez-vous pas qu'il se répand peu à peu dans leur sein des opinions, des idées, qui ne vont point seulement à renverser telles lois, tel ministère, tel gouvernement même, mais la société, à l'ébranler sur les bases sur lesquelles elle repose aujourd'hui ? N'écoutez-vous pas ce qui se dit tous les jours dans leur sein ? N'entendez-vous pas qu'on y répète sans cesse que tout ce qui se trouve au-dessus d'elles est incapable et indigne de les gouverner ; que la division des biens faite jusqu'à présent dans le monde est injuste ; que la propriété repose sur des bases qui ne sont pas les bases équitables ? […] Ma conviction profonde [est] que nous nous endormons à l'heure qu'il est sur un volcan ! » <br />Et Tocqueville rappelle dans ses Souvenirs que son discours en fit sourire beaucoup. Moins d’un mois après la révolution éclatait. <br />Comment en était-on arrivé là ?<br />Depuis 18 ans, depuis la révolution de 1830, une seule classe-caste, la bourgeoisie d’argent s’était emparée de tous les pouvoirs politiques et économiques. Guizot avait mis en place une économie de la rente sans souci du développement de l’industrie et de l’économie réelle du pays « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne ». L'économie de Guizot c'était l'économie de la rente, des rentiers de Paris, décrivait Tocqueville dans son second Mémoire sur le Paupérisme.<br />Les classes populaires et le prolétariat, explique Tocqueville, avaient été tenues à l’écart de l’enrichissement du pays et végétaient dans une situation médiocre et précaire au moment même où des scandales politico-économiques ternissaient la classe politique, d’où cet appel qui clôt son discours :<br />« Gardez les lois, si vous voulez ; quoique je pense que vous ayez grand tort de le faire, gardez-les ; gardez même les hommes, si cela vous fait plaisir : je n’y fais, pour mon compte, aucun obstacle ; mais, pour Dieu, changez l’esprit du gouvernement, car, je vous le répète, cet esprit-là vous conduit à l’abîme. »<br />La Campagne des Banquets, 1847-1848…<br />Pour contourner l’interdiction des réunions publiques les opposants, essentiellement des représentants de l’opposition dynastique, rejoints par des républicains, organisent des Banquets pour donner forme à leurs revendications et, pour élargir leur audience, établissent le contact en direction du monde du travail. Tocqueville refusa de s’associer à la campagne des Banquets prévenant ses collègues qu’ils ouvraient la boite de Pandore, lançant un mouvement dont la maîtrise ne pouvait pas manquer de leur échapper.</p><p>Tous les membres de la classe politique appartenaient de fait à la même caste.</p><p>En faisant appel à la classe ouvrière pour laquelle ils n’avaient rien fait pendant 18 ans, ils ouvraient la porte à des revendications qu’ils ne pourraient satisfaire et qui amènerait nécessairement des menées révolutionnaires :</p><p>« Pour la première fois depuis dix-huit ans, disais-je, vous entreprenez de parler au peuple et vous cherchez votre point d’appui en dehors de la classe moyenne ; […] si vous parvenez, […] â agiter le peuple, vous ne pouvez pas plus prévoir que moi où doit vous conduire une agitation de cette espèce.<img id="media-5924849" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/01/01/3176484589.jpg" alt="gilets jaunes,révolution de 1848,élites" /><br />À mesure que la campagne des banquets se prolongeait, cette dernière hypothèse devenait, contre mon attente, la plus vraisemblable. Une certaine inquiétude commençait à gagner les meneurs eux-mêmes. […] l’agitation créée dans le pays par les banquets dépassait non seulement les espérances mais les désirs de ceux qui l'avaient fait naître ; ceux-ci travaillaient plutôt à la calmer qu'à l'accroître. […] La vérité est qu'ils ne cherchaient qu'une issue pour sortir du mauvais chemin dans lequel ils étaient entrés. »</p><p>Après les journées révolutionnaires de février, et dans la campagne pour les premières élections législatives au suffrage universel, Tocqueville justifie son attitude face à ceux qui lui reprochent de ne pas avoir participé aux Banquets et il leur déclare :</p><p>« « Pourquoi vous êtes-vous séparé de l'opposition à l'occasion des banquets ?» me dit-on. Je répondis hardiment : « Je ne voulais pas de banquets parce que je ne voulais pas de révolution, et j'ose dire que presque aucun de ceux qui se sont assis à ces banquets ne l'auraient fait, s'ils avaient prévu, comme moi, l'événement qui allait en sortir. La seule différence que je vois donc entre vous et moi, c'est que je savais ce que vous faisiez tandis que vous ne le saviez pas vous-mêmes ». Cette audacieuse profession de foi antirévolutionnaire avait été précédée d'une profession de foi républicaine ; la sincérité de l'une avait paru attestée par la sincérité de l'autre ; l'assemblée rit et applaudit. On se moqua de mes adversaires et je sortis triomphant. »</p><p> </p></div>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.htmlLes six cognes sont de retour.tag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2018-07-21:60677262018-07-22T09:45:38+02:002018-07-21T21:41:00+02:00 Pour en revenir à Benalla, il faut expliquer pourquoi et comment ce type...
<p style="font-size: medium; font-family: Calibri; color: #000000;">Pour en revenir à Benalla, il faut expliquer pourquoi et comment ce type peut être lieutenant-colonel de gendarmerie (certes de réserve) à 26 ans.</p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri; color: #000000;">Ben mon colon ! (J’aimerais également qu’on m’explique et me détaille le parcours d’Aquilino Morelle, cher conseiller de Hollande, qui n’est pas techniquement possible tel qu’annoncé … et la thèse de Cambadélis … et la tête et le bec, alouette…!)</p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri; color: #000000;">Lors de la dernière campagne présidentielle, la France se trouvait, depuis bien longtemps dans la même situation qu’à la fin de la Monarchie de Juillet où une seul classe-caste, enlisée dans les affaires, se partageait tous les pouvoirs politiques et économiques depuis 18 ans. Actuellement la situation est la même depuis 45 ans !</p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri; color: #000000;"><img id="media-5844252" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/02/01/1136395581.jpg" alt="J'aime le peuple, un État irréprochable," /></p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri; color: #000000;"> </p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri; color: #000000;">Tocqueville faisait cet avertissement à la Chambre le 27 janvier 1848 :</p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri; color: #000000;">« ce n’est pas le mécanisme des lois qui produit les grands événements, messieurs, c’est l’esprit même du gouvernement. Gardez les lois, si vous voulez ; quoique je pense que vous ayez grand tort de le faire, gardez-les ; gardez même les hommes, si cela vous fait plaisir : je n’y fais, pour mon compte, aucun obstacle ; mais, pour Dieu, changez l’esprit du gouvernement, car, je vous le répète, cet esprit-là vous conduit à l’abîme ».</p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri; color: #000000;">Il annonçait la révolution de 1848, elle éclatait moins d’un mois plus tard !<img id="media-5844246" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/00/02/3392928146.jpg" alt="Tontons maroutes" /></p>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.html"On le contraindra à être libre" (Rousseau, Le Contrat Social.)tag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2018-06-04:60568552018-06-04T01:48:21+02:002018-06-04T01:48:00+02:00 « On le contraindra à être libre », ou " Les bonnes lectures......
<div class="_1dwg _1w_m _q7o"><div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}"><div id="id_5b147c3bd03311151243787" class="text_exposed_root text_exposed"><p>« <em>On le contraindra à être libre</em> », ou "<em>Les bonnes lectures...</em>."<img id="media-5824228" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/01/00/1927299138.jpg" alt="Tocqueville Moraliste, Rousseau, Goulag" /><br />Samedi soir le philosophe préféré de nos médias présentait comme sienne une lecture de Rousseau que j’ai déjà livrée maintes fois au lecteur dans "Tocqueville moraliste" et "Comprendre Tocqueville" (2004), dans ma double biographie de Tocqueville en 2005 (Bayard) et 2013, (Perrin). Vous y trouverez cette analyse dans laquelle j’écris ceci : <br />« Mais comment le Souverain assurera-t-il son autorité si l’un ou l’a<span class="text_exposed_show">utre des citoyens refuse comme c’est vraisemblable de se soumettre à la volonté de la majorité ? Comment le citoyen peut-il rester libre d’engager toutes ses forces pour que la volonté de la majorité corresponde à sa volonté propre, tout en obéissant à la volonté générale du moment ? La réponse de Rousseau est limpide : <img id="media-5824230" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/00/00/2511484555.jpg" alt="Biographie Tocqueville, Perrin, " /><img id="media-5824229" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/02/00/1148815757.png" alt="Comprendre Tocqueville, Rousseau, Contrat Social," /><br />Afin donc que ce pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement, qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale, y sera contraint par tout le corps ; ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera à être libre, car telle est la condition qui, donnant chaque citoyen à la patrie, le garantit de toute dépendance personnelle, condition qui fait l’artifice et le Jeu de la machine politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels, sans cela, seraient absurdes, tyranniques, et sujets aux plus énormes abus.<br />Ces textes essentiels des chapitres 6 et 7 du Livre I du Contrat social contiennent déjà en germe toutes les dérives qui conduisent potentiellement aux despotismes « démocratiques » car tel est l’élément majeur qui choque la doxa pour laquelle la démocratie est antinomique du despotisme, et pourtant l’histoire nous a appris à quelles dérives conduisent ces systèmes qui entendent « condamner l’individu à être libre »,(et j’ajoute en note : Pensons par exemple à la logique imparable des camps de rééducation chinois ou vietnamiens : ou bien le prisonnier ne comprenait pas pourquoi il était là, c’était donc qu’il était associable et porteur encore des fausses valeurs et du dogme des libertés formelles, ou bien il avait compris pourquoi il était là et ne pouvait par conséquent songer à demander à sortir !)</span></p></div></div><div class="_3x-2" data-ft="{"tn":"H"}"><div data-ft="{"tn":"H"}"><div class="mtm"><div class="_2a2q _65sr"><div class="_46-h"> </div><div class="_46-h"> </div><div class="_46-h"> </div></div></div></div></div><div> </div></div><div><form id="u_jsonp_3_1h" class="commentable_item" action="https://www.facebook.com/ajax/ufi/modify.php" method="post" data-ft="{"tn":"]"}"><div class="_sa_ _gsd _fgm _5vsi _192z"><div class="_37uu"><div><div class="_57w"><div class="_3399 _a7s _20h6 _610i _610j _125r clearfix _zw3"><div class="_524d"><div class="_42nr _1mtp"><div class="_khz _4sz1 _4rw5 _3wv2"><a class="UFILikeLink _4x9- _4x9_ _48-k" tabindex="0" href="https://www.facebook.com/jeanlouis.benoit.18" data-testid="fb-ufi-likelink">J’aime</a></div></div></div></div></div></div></div></div></form></div>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.htmlÉdition des Mémoires d'Hervé de Tocquevilletag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2018-05-23:60537812018-05-23T14:15:02+02:002018-05-23T12:43:00+02:00 Un texte remarquable dont l'édition était attendue depuis des décennies....
<p>Un texte remarquable dont l'édition était attendue depuis des décennies.</p><p style="text-align: center;"><a href="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/01/02/4017153400.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5818983" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/01/02/1714354229.jpg" alt="Tocqueville, mémoires Hervé, Restauration" /></a></p>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.htmlJennifer Pitts, Université de Chicago à propos du dictionnaire Tocquevilletag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2018-02-09:60248622018-02-09T00:32:37+01:002018-02-09T00:32:37+01:00 This remarkable dictionary draws on Benoît’s vast knowledge of...
<p><img id="media-5766926" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/01/00/39734794.jpg" alt="image001.jpg" />This remarkable dictionary draws on Benoît’s vast knowledge of Tocqueville’s life and family, and his intellectual and political preoccupations, to present vivid and original brief essays on a striking array of subjects. General readers and specialists alike will learn much from entries on topics large and small, from “liberalism” to “rubbish,” all taken up with Benoît’s characteristically lively judgment. Topics connected with empire, slavery, and political economy receive particularly thorough treatment. Throughout, Benoît pays welcome attention to Tocqueville’s use of language and his literary style.<img id="media-5766925" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/media/00/01/548752888.jpg" alt="a-turn-to-empire.jpg" /></p><p>Jennifer Pitts</p>
Jean-Louis Benoîthttp://jeanlouisbenoit.hautetfort.com/about.htmlAu revoir Jean d'Ormessontag:jeanlouisbenoit.hautetfort.com,2017-12-05:60055942017-12-05T13:41:53+01:002017-12-05T13:41:53+01:00 Voici la copie de la lettre que Jean d’Ormesson m’avait expédiée le 11 juin...
<img src="https://size.blogspirit.net/hautetfort.com/jeanlouisbenoit/600/media/00/00/4269199096.jpg" alt=""/><p>Voici la copie de la lettre que Jean d’Ormesson m’avait expédiée le 11 juin 2006 en réponse au courrier dans lequel je lui parlais d’un de mes ouvrages.<br />Mercredi dernier à 11h46 (smartphone faisant foi) il m’a appelé et nous avons parlé quelques minutes de mon Dictionnaire Tocqueville, de Tocqueville et de l’Académie où il allait moins souvent parce qu’il était fatigué, mais il s’y rendrait très bientôt. Nous avons parlé des tocquevilliens et de l’Académie, il a cité le nom de Giscard et, quand je lui ai donné le nomme Fumaroli (qui faisait un éloge ému de matin de son ami), il m’a dit : « Nous mangeons ensemble demain midi ».</p><p>Il n’évoquait donc pas la perspective d’une mort si rapprochée.</p><p>Jean d’Ormesson était avant tout un homme libre. Il en existe si peu, une clarté, une élégance, un style, pas celui de Chateaubriand qui était pourtant son modèle mais qu’il n’essayait pas de copier.</p><p>Jean d’Ormesson c’était aussi un style, un style différent et personnel, et « le style c’est l’homme »</p><p>Au revoir Jean d’Ormesson, vous que j’ai entendu dire un jour que vous étiez au fond un agnostique marqué par son catholicisme hérité de sa vie et de sa famille, agnostique, comme Tocqueville. Comme lui, vous ne saviez pas ce qu’il y a derrière le rideau, ni même il y a quelque chose ou quelqu’un, vous le savez peut-être maintenant.</p><p>Au revoir</p><p>Jean-Louis Benoît</p>