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religion

  • Puisqu'il est question de religion par les temps qui courent

    D'abord un lien avec un podcast sur France Culture où le remarquable Abdelawab Meddeb m'interrogeait  sur mon livre présentant les textes, notes et analyses de Tocqueville sur le fait religieux, les religions et la société.Capture d’écran 2015-02-23 à 22.08.22.png

    Le livre a été publié en Espagnol sous le titre: Tocqueville sobre las religiones, bien préférable au titre français imposé par l'éditeur: Tocqueville, Notes sur le Cran et autres textes sur les religions...Capture d’écran 2015-02-23 à 22.11.11.png

    Les notes sur la Coran ne représentent que 18% de l'ensemble dont le propos est beaucoup plus vaste et riche d'enseignements qui amènent à la réflexion et plus encore lorsque Meddeb propose une lecture plus vaste et plus ample. Voici le lien:

     

    http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoit_jean_louis/tocqueville_et_islam_entrevue/tocqueville_et_islam.html

     

    Autre élément intéressant cette émission de Gabriel Enthoven à propos de Tocqueville, dans laquelle il aborde la question des rapports de Tocqueville et la religion et la foi. Et sur ce point, et dans les affirmations qui sont les siennes figurent nombre d'erreurs et/ou d'inexactitudes, d'où mon désir, absolument pas polémique, de faire quelques mises au point, non pour contredire l'intervenant mais  pour rétablir des faits que je connais d'autant mieux que j'ai participé à les mettre en valeur... Impossible d'introduire mon texte dans l'espace réservé à cet effet. J'ai donc demandé à un collègue de prendre le relais, même chose.

    Je ne recourrai pas à la théorie du complot dans cette affaire, je remercie simplement le médiateur d'avoir pris en compte mon intervention. Ajoutons - il faut bien sourire - que dans cette même émission Enthoven qui enseigne la philosophie à polytechnique (je crois) a fait part de son indignation parce que certains de ses élèves lui avaient demandé de se justifier, de dire d'où il parlait.

    Cris de pucelle outragée... Savez-vous qu'aux Etats-Unis les enseignants du supérieur sont l'objet d'une évaluation de la part de leurs étudiants.

    Quoi de plus normal ?

    En France les formateurs se gardent bien d'une telle  pratique: je me souviens des stagiaires des instituts de formation des maîtres, chers à Jospin, protestant véhémentement contre la pitance qui leur était servie et qui, s'ils avaient été consultés, auraient mis un zéro pointé aux responsables et principaux acteurs de cette formation au "staff" de l'IUFM.

    Voici ce qu'on peut trouver mis en ligne par le médiateur:

    Impossible de mettre un commentaire au Gai savoir sur Tocqueville

     
    Jean-Louis Benoît
    le 07/01/2015 à 22h10

    J'ai essayé à plus de 20 reprises de metttre un commentaire à l'émission d'Enthoven , Le gai Savoir, sur Tocqueville, un de mes amis a fait de même sans succès. C'est anormal.JLB

    En voici le texte:

    Il est toujours intéressant d’écouter une émission consacrée à Tocqueville, elles ne sont pas si nombreuses et Raphaël Enthoven est celui qui a fait le plus en la matière. Dans chacune il prend soin de préciser que Tocqueville n’était pas cartésien bien qu’il connût les textes de l’auteur du Discours de la Méthode auquel il fait allusion dans la seconde Démocratie par le biais du pragmatisme cartésien des Américains.

    Le fait est tellement avéré, la problématique de l’un et celle de l’autre étant effectivement irréductibles, la rupture des Lumières et de la Révolution et le surgissement démocratique faisant apparaître deux visions du monde si étrangères l’une à l’autre que le rappel de l’hétérogénéité des deux approches philosophiques est sans doute superflu.

    Enthoven est bien inspiré de souligner la relation étroite liant le milieu familial de Tocqueville sa vie et sa pensée ; et il faudrait ajouter à son action, pensée et action étant chez lui inséparables. Itinéraire platonicien de la sphère des idées  au monde sublunaire, de l’analyse du surgissement inéluctable de la démocratie au combat politique pour l’instauration d’une République équilibrée. Tout ceci  a fait de sa vie, on le verra bientôt dans un livre à paraître en février prochain, un véritable roman.

    Dans son émission, Raphaël Enthoven prend appui, à juste titre, sur des données biographiques mais il devrait veiller à plus d’exactitude.

    Contrairement à ce qu’il affirme, Hervé de Tocqueville, père d’Alexis, n’a pu voter l’abolition des privilèges… Il eût fallu qu’il appartînt au corps des représentants de la noblesse le 4 août 1789 ; ce n’est pas le cas, il n’avait alors que dix-sept ans, depuis la veille !

    Il affirme également, et cette fois à juste titre, qu’il est important de considérer les rapports de Tocqueville avec la religion. Celui-ci considérant que le doute est l’un des pires maux pour l’individu comme pour la société affirme dans la seconde Démocratie (1840) : « Pour moi, je doute que l’homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique ; et je suis porté à penser que, s’il n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et, s’il est libre, qu’il croie. »Je ne sais cependant si cette grande utilité des religions n’est pas plus visible encore chez les peuples où les conditions sont égales, que chez tous les autres.

     

    Raphaël Enthoven cite à l’appui de son argumentation la lettre qu’Alexis adressa le 26 février 1857, à Mme de Swetchine, une émigrée russe de grande qualité, convertie au catholicisme et qui faisait un peu office de directeur de conscience dans un milieu spiritualiste parisien. Les deux correspondants n’avaient plus qu’un an à vivre, pour l’une, deux pour l’autre. Dans cette lettre Alexis fait un aveu unique, jamais il n’a dit à personne comment plus de trente-cinq ans auparavant, en 1821, il avait alors seize ans, un doute absolu s’est emparé de lui. Il a connu alors une crise existentielle qui ne l’a jamais vraiment quitté depuis. Il a perdu alors la foi de son enfance, perte irréparable et jamais comblée, même à la veille de sa mort.

    Mais Raphaël Enthoven ajoute que « les descendants d’Alexis ont voulu faire disparaître » cette lettre.

    Affirmation entièrement fausse.

    Tocqueville et sa femme n’ont pas eu d’enfants, la seule descendance familiale  est celle d’Edouard, son frère, c’est à dire ses neveux, petits-neveux et arrière petits neveux… Qui ont ouvert très largement la correspondance et les documents d’Alexis rendus entièrement accessibles au public aujourd’hui, ce dont il faut les remercier vivement car c’est loin d’être toujours le cas.

    Capture d’écran 2015-02-23 à 22.16.49.png

    Quant à l’existence de la lettre d’Alexis à Mme de Swetchine, elle n’était connue que par Marie, femme d’Alexis, Falloux, Gustave de Beaumont, son collègue et ami intime, et la femme de celui-ci, Clémentine, La petite fille de La Fayette. Tous voulaient conserver ce document d’une importance capitale, sauf Marie, qui préparait avec Beaumont la première édition des œuvres complètes et exigea la destruction du document afin de préserver l’image d’Alexis qu’elle entendait faire passer à la postérité. Il fallut s’exécuter, heureusement, Clémentine de Beaumont avait fait, manifestement sans rien en dire, une copie de cette lettre que Rédier découvrit dans ses archives et révéla en 1926.

    A partir du texte de cette lettre, Rafael Enthoven affirme que Tocqueville ne croyait plus en Dieu, qu’il était athée, même si le mot ne figure pas/plus dans le podcast de l’émission. Une fois encore, l’affirmation n’est pas conforme à ce que nous apprend la biographie de Tocqueville.

    Certes il a perdu la foi de son enfance, certes il n’admet plus le contenu des dogmes, au premier rang desquels celui du péché originel. Il l’écrit à l’abbé Lesueur, son vieux précepteur lorsqu’il a appris qu’Alexis n’a pas fait ses Pâques :Je crois ; mais je ne puis pratiquer, la phrase a horrifié son vieil ami, il le lui dit dans sa réponse, le 8 septembre 1824.

    Alexis a perdu la foi de son enfance, le doute ne le quitte pas, il est essentiellement agnostique, au sens premier du mot, mais être agnostique ce n’est pas être athée. Tocqueville affirme toujours, sans exception aucune, être assuré de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme, mais la nature même de ces éléments est de l’ordre du mystère et demeure totalement insondable ; l’homme n’en peut rien connaître, nul ne peut voir le visage de Dieu sans mourir.

    Le croyant possède l’assurance de sa foi et de son contenu, celui qui n’a pas la foi demeure dans un doute insondable. Telle est l’expérience existentielle de Tocqueville depuis ses seize ans jusqu’à la veille de sa mort. En 1843, il écrit à Gobineau : « Je ne suis pas croyant (ce que je suis loin de dire pour me vanter) mais tout incroyant que je sois, je n’ai jamais pu me défendre d’une émotion profonde en lisant l’Évangile". Capture d’écran 2015-02-23 à 22.20.42.png 

    Il n’est pas croyant dans la mesure où le Credo lui échappe ; mais pourtant, parlant du catholicisme, il dit : « la religion que je professe », mais c’est là une vérité sociale, sociologique : vivre et mourir dans la religion dans laquelle j’ai été élevé !...

    Mais son ami Corcelle, ancien Carbonaro, néo converti, voit plutôt en lui un protestant, et ce qui n’est pas pour lui un compliment ; Morichini, légat du pape, fait de même !

    En fait, Tocqueville est plus chrétien, admirateur du christianisme originel, que catholique.  Ses textes de références sont ceux des Béatitudes et l’épître aux Galates qui « inventent », avant les Lumières, les valeurs d’humanité, d’égalité et d’universalisme : le christianisme est le grand fond de la morale moderne, il opère un renversement des valeurs. Les Lumières n’ont fait qu’opérer une reprise laïcisée des valeurs d’universalité et d’humanité mises en place par le christianisme originel :

    « Il fallut que Jésus-Christ vînt sur la terre pour faire comprendre que tous les membres de l'espèce humaine étaient naturellement semblables et égaux. » (Seconde Démocratie, I, ch. 3)

    Il écrit à Gobineau le 5 septembre 1843 : « Le christianisme me paraît avoir fait une révolution ou, si vous l’aimez mieux, un changement très considérable dans les idées relatives aux devoirs et aux droits, idées qui sont, en définitive, la matière de toute science morale.

    Le christianisme ne créa pas précisément des devoirs nouveaux ou en d’autres termes des vertus entièrement nouvelles ; mais il changea la position relative qu’occupaient entre elles les vertus. Les vertus rudes et à moitié sauvages étaient en tête de la liste ; il les plaça à la fin. Les vertus douces, telles que l’humanité, la pitié, l’indulgence, l’oubli même des injures, étaient des dernières ; il les plaça avant toutes les autres. Premier changement.

    Le champ des devoirs était limité. Il l’étendit. Il n’allait guère plus loin que les concitoyens. Il y fit entrer tous les hommes. Il renfermait principalement les maîtres ; il y introduisit les esclaves. Il mit dans un jour éclatant l’égalité, l’unité, la fraternité humaine. Second changement. »

    Quelques temps après sa lettre à Mme de Swetchine, il écrit à son ami le philosophe Bouchitté : « J’aurais eu un goût passionné pour les études philosophiques […] [mais] Ces idées conduisent aisément jusqu’à la croyance d’une cause première, qui reste tout à la fois évidente et inconcevable ; à des lois fixes que le monde physique laisse voir et qu’il faut supposer dans le monde moral ; à la providence de Dieu, par conséquent à sa justice ; à la responsabilité des actions de l’homme, auquel on a permis de connaître qu’il y a un bien et un mal, et, par conséquent, à une autre vie… » (O.C., (Bmt), t. 7, 1864, p. 475-477.)

    On aura saisi, je pense, que la question de la religion tenant un rôle capital dans l’œuvre de Tocqueville, il convient de l’aborder avec sérieux et rigueur.

    JLB

     

     

     
  • L’Eglise et L’Etat, politique, religion et laïcité

    L’Eglise et L’Etat, politique, religion et laïcité

    Benoit XVI & Sarko.jpgVoici quelques mois on a cru bon, dans les sphères du pouvoir, en France et au Vatican, de faire appel à Tocqueville pour renforcer les liens entre un Etat qui se veut laïc et les religions. C’est oublier que Tocqueville a souligné que la première chose qui l’a frappé, en arrivant aux Etats-Unis, avait été de constater chez un peuple « religieux » la séparation effective du religieux et du politique. Alors qu’en France le traumatisme des persécutions religieuses de la Révolution subsiste, les États-Unis offrent l’exemple d’un peuple et d’un État vivant sous un régime démocratique dans lequel la religion est d’autant mieux établie et d’autant plus forte qu’elle est séparée du politique ; mieux encore, c’est dans l’exacte mesure où la religion reste à l’écart de la sphère politique qu’elle est la principale force politique du pays :

    « À mon arrivée aux États-Unis, ce fut l'aspect religieux du pays qui frappa d'abord mes regards.[…]

    J'avais vu parmi nous l'esprit de religion et l'esprit de liberté marcher presque tou­jours en sens contraire. Ici, je les retrouvais intimement unis l’un à l'autre : ils régnaient ensemble sur le même sol.

    Chaque jour je sentais croître mon désir de connaître la cause de ce phénomène.[…]

    Ceci me conduisit à examiner plus attentivement que je ne l'avais fait jusqu'alors la position que les prêtres américains occupent dans la société politique. Je reconnus avec surprise qu'ils ne remplissent aucun emploi public. Je n'en vis pas un seul dans l'administration, et je découvris qu'ils n'étaient pas même représentés au sein des assemblées.

    La loi, dans plusieurs États, leur avait fermé la carrière politique ; l'opinion dans tous les autres.

    Lorsque enfin je vins à rechercher quel était l'esprit du clergé lui-même, j'aperçus que la plupart de ses membres semblaient s'éloigner volontairement du pouvoir, et mettre une sorte d'orgueil de profession à y rester étrangers ».

    Pour le reste, Tocqueville se garde bien de juger ce qu’il en est de la foi réelle et du conformisme, de l’authenticité et du pharisaïsme et/ou des convenances d’une société puritaine. Pour l’individu avoir la foi et poser les gestes de la foi sont deux choses différentes ; pour la société, l’apparence compte plus que le fond des choses. Peu importe, pour la société, qu’un acte soit authentiquement religieux ou moral puisque d’un point de vue sociétal l’apparence offre ici la même garantie pour le corps social que la réalité : l’exigence sectaire est purement formelle et se moque bien des canons kantiens ainsi qu’il l’écrit à son ami Kergorlay :

    « [Aux États-unis] on suit une religion comme nos pères prenaient une médecine au mois de mai, si ça ne fait pas de bien, a-t-on l’air de dire, au moins ça ne peut pas faire de mal, et il est d’ailleurs convenable de se conformer à la règle commune ».

    On le voit le propos est familier ce qui se comprend mieux quand on sait que Tocqueville était essentiellement agnostique.

     

    En 1858, Monseigneur Daniel, évêque de Coutances ayant appelé, par trois fois, les paroissiens de son diocèse à prier pour l’envoyé du Très-Haut, Tocqueville - qui n’imaginait pas celui-ci avec la barbichette et les yeux globuleux de Napoléon III - prend sa plume et écrit à son évêque ce petit texte dont on admirera l’ironie :

     

     

     

    À MONSEIGNEUR ***, ÉVÈQUE DE...

    Tocqueville, 4 mars 1858

     

    Monseigneur,

    Je viens de recevoir l’Instruction pastorale que vous avez bien voulu m’adresser.

    J'ai été très-touché que vous ayez bien voulu vous souvenir de moi dans cette circonstance. Veuillez agréer l'expression de ma vive reconnaissance. Je vous ai lu, monseigneur ; je vous ai admiré. J'ai admiré cette abondance de la parole qui n'ôte rien à la précision de l'idée ; l'éclat du langage ; la force de la pensée que les richesses de l'expression ornent et n'énervent point. J'ai reconnu, en un mot, les dons particuliers de voire éloquence, de cette éloquence qui pénètre dans l'esprit et touche le cœur.

    En même temps que je vous exprime avec une parfaite sincérité ces sentiments que la lecture de votre Mandement m'a inspirés, me permettrez-vous, monseigneur, de vous soumettre, avec toute la défiance que je dois avoir en moi-même quand je vous parle, une observation critique. Elle se rapporte à ce paragraphe du Mandement, page 31, où vous parlez de l'Envoyé du Très-Haut, Celui que sa grâce a choisi, ce Ministre des divins Conseils, etc. Il m'a paru que ces paroles impliquaient une sorte de consécration au nom de la religion [ du gouvernement actuel ] ; et j'avoue avec candeur que venant d'un homme tel que vous, elles m'ont ému. Je ne veux point assurément, entrer dans une discussion politique. Je me suppose ami des institutions actuelles (ce que je confesse que je ne suis point), et, partant de cette donnée même, je me demande s'il n'y a pas quelque danger pour la religion à prendre parti pour le pouvoir nouveau et à le recommander en pareils termes au nom de Dieu. J'ai vu, de mon temps même, l'Église mêler aussi sa cause à celle du premier empereur ; je l'ai vue de même couvrir de sa parole la Restauration ; et il ne m'a pas semblé qu'elle eût profité de cette conduite. Dans un pays en révolution comme le nôtre, les jugements qui sont portés sur le pouvoir du moment ne sauraient être unanimes. Dans ces temps malheureux, on ne blâme pas seulement les actes du gouvernement ; on conteste sa moralité, ses droits. Il y a encore aujourd'hui, en France, un grand nombre d'hommes qui regardent comme un acte de conscience de ne point reconnaître le nouveau pouvoir. Je crois qu'on ne saurait nier que parmi ceux-là il ne s'en trouve plusieurs qui par l'étendue de leurs lumières, l'honnêteté de leur vie, souvent par la sincérité de leur foi, sont les alliés naturels de l'Église, je dirais ses alliés nécessaires, si la religion n'avait sa principale force en elle-même.

    Parmi ceux mêmes qui approuvent la marche actuelle du pouvoir, combien peu ont honoré ses débuts et ses premiers actes ? [ Violer les serments les plus solennellement prêtés ou rejetés, renverser par la violence les lois qu’on s’était chargé de protéger, mitrailler dans Paris des hommes désarmés pour inspirer une terreur salutaire et prévenir la résistance... Ces actes, et je pourrais assurément en ajouter beaucoup d’autres, ] ces actes peuvent être excusés et même approuvés par la politique ; mais la loi morale universelle les réprouve [ absolument ]. Ceux qui ont présents ces souvenirs si récents de notre histoire, [ ne peuvent manquer d’éprouver ] un trouble douloureux au fond de leur âme et une sorte d'ébranlement de leur croyance, en entendant les voix les plus autorisées couvrir de pareils actes au nom de la morale éternelle [ un pouvoir si nouveau et qui a ainsi commencé ].

    Voilà du moins, Monseigneur, le doute que je me permets de vous soumettre, en faisant appel à votre indulgence en faveur d'un homme qui professe pour vous autant de respect que d'attachement.

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    Les récentes prises de position de Benoît XVI me rappellent les propos d’un de mes amis, Etienne Charpentier, l’un des grands biblistes français disparu voici 25 ans : « L’Église catholique me fait penser à l’un de ces chats des dessins animés qui avancent levant la tête, voire fermant les yeux, sans s’apercevoir qu’au bout d’un moment ils marchent au-dessus du vide ».Benoit 16 Sarko1.jpg

     

     

    (J’ai reproduit ici le texte tel qu’il parut dans le tome VII de l’édition Beaumont, mais j’ai fait apparaître en caractères gras et entre [...] ce qui avait été supprimé par (ou pour) la censure. Malgré ces suppressions, l’attaque restait forte, contre le régime et contre l’attitude de l’évêque.)Religion & société2.doc

    Tocqueville & la religion txt jlb.doc

    On pourra également se reporter aux deux adresses suivantes :

    http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoit_jean_louis/benoit_jean_louis.html

    http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/de_tocqueville.html