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Tocqueville

  • Musclez vos neurones

    Musclez vos neurones, profitez de vos vacances pour lire Tocqueville

    http://www.edi-tocqueville-jlb.fr/livres.html

    Profitez des vacances pour muscler vos neurones: lisez Tocqueville, vous vous sentirez différents de vos députés et sénateurs qui n'en ont pas lu une page, se contentant de leurs ersatz, canigou avalé dans les digests de leurs hebdos à prétention culturelle !

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  • Les associations un enjeu capital pour la démocratie

    « Dans les pays démocratiques, la science de l'association est la science mère, le progrès de toutes les autres dépend des progrès de celle-là. »

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    Dans De la Démocratie en Amérique, Tocqueville consacre, en 1835 comme en 1840, de longs développements à la nature et à l’importance des associations aux États-Unis. Il a d’abord été surpris par le nombre considérable d’associations très différentes en nature comme en importance :

    « Les Américains de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les esprits, s'unissent sans cesse. Non seulement ils ont des associations commerciales et industrielles auxquelles tous prennent part, mais ils en ont encore de mille autres espèces : de religieuses, de morales, de graves, de futiles, de fort générales et de très particulières, d'immenses et de fort petites ; les Américains s'associent pour donner des fêtes, fonder des séminaires, bâtir des auberges, élever des églises, répandre des livres, envoyer des missionnaires aux antipodes ; ils créent de cette manière des hôpitaux, des prisons, des écoles. S'agit-il enfin de mettre en lumière une vérité ou de développer un sentiment par l'appui d'un grand exemple, ils s'associent. Partout où, à la tête d'une entreprise nouvelle, vous voyez en France le gouvernement et en Angleterre un grand seigneur, comptez que vous apercevrez aux États-Unis une association »[1].

     

    [1]De la Démocratie en Amérique, II, 1840, (D.A.II, II, ch. 5.)

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  • Éloge du peuple de France

    Dernière page de L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville:

    Et si on repensait à ce dont la France est/a été capable ! (re)lisez donc la dernière page de L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville (l'ouvrage le plus lu en ligne, dont nos politiques n'ont pas lu une ligne:
    Quand je considère cette nation en elle-même, je la trouve plus extraordinaire qu'aucun des événements de son histoire. En a-t-il jamais paru sur la terre une seule qui fût si remplie de contrastes et si extrêmes dans chacun de ses actes, plus conduite par des sensations, moins par des principes ; faisant ainsi toujours plus mal ou mieux qu'on ne s'y attendait, tantôt au-dessous du niveau commun de l'humanité, tantôt fort au-dessus ; un peuple tellement inaltérable dans ses principaux instincts qu'on le reconnaît encore dans des portraits qui ont été faits de lui y il a deux ou trois mille ans, et en même temps tellement mobile dans ses pensées journalières et dans ses goûts qu'il finit par se devenir un spectacle inattendu à lui-même, et demeure souvent aussi surpris que les étrangers à la vue de ce qu'il vient de faire ; le plus casanier et le plus routinier de tous quand on l'abandonne à lui-même, et lorsqu'une fois on l'a arraché malgré lui à son logis et à ses habitudes, prêt à pousser jusqu'au bout du monde et à tout oser ; indocile par tempérament, et s'accommodant mieux toutefois de l'empire arbitraire et même violent d'un prince que du gouvernement régulier et libre des principaux citoyens ; aujourd'hui

    L'ennemi déclaré de toute obéissance demain mettant a servir une sorte de passion que les nations les mieux douées pour la servitude ne peuvent atteindre ; conduit par un fil tant que personne ne résiste, ingouvernable dès que l'exemple de la résistance est donné quelque part ; trompant toujours ainsi ses maîtres, qui le craignent ou trop ou trop peu ; jamais si libre qu'il faille désespérer de l'asservir, ni si asservi qu'il ne puisse encore briser le joug; apte à tout, mais n'excellant que dans la guerre; adorateur du hasard, de la force, du succès, de l'éclat et du bruit, plus que de la vraie gloire; plus capable d'héroïsme que de vertu, de génie que de bon sens, propre à concevoir d'immenses desseins plutôt qu'à parachever de grandes entreprises ; la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l'Europe, et la mieux faite pour y devenir tour à tour un objet d'admiration, de haine, de pitié, de terreur, mais jamais d'indifférence ?

    Elle seule pouvait donner naissance à une révolution si soudaine, si radicale, si impétueuse dans son cours, et pourtant si pleine de retours, de faits contradictoires et d'exemples contraires. Sans les raisons que j'ai dites, les Français ne l'eussent jamais faite ; mais il faut reconnaître que toutes ces raisons ensemble n'auraient pas réussi pour expliquer une révolution pareille ailleurs qu'en France.

    Me voici parvenu jusqu'au seuil de cette révolution mémorable ; cette fois je n'y entrerai point : bientôt peut-être pourrai-je le faire. Je ne la considérerai plus alors dans ses causes, je l'examinerai en elle-même, et j'oserai enfin juger la société qui en est sortie.

  • "On le contraindra à être libre" (Rousseau, Le Contrat Social.)

    « On le contraindra à être libre », ou "Les bonnes lectures...."Tocqueville Moraliste, Rousseau, Goulag
    Samedi soir le philosophe préféré de nos médias présentait comme sienne une lecture de Rousseau que j’ai déjà livrée maintes fois au lecteur dans "Tocqueville moraliste" et "Comprendre Tocqueville" (2004), dans ma double biographie de Tocqueville en 2005 (Bayard) et 2013, (Perrin). Vous y trouverez cette analyse dans laquelle j’écris ceci :
    « Mais comment le Souverain assurera-t-il son autorité si l’un ou l’autre des citoyens refuse comme c’est vraisemblable de se soumettre à la volonté de la majorité ? Comment le citoyen peut-il rester libre d’engager toutes ses forces pour que la volonté de la majorité corresponde à sa volonté propre, tout en obéissant à la volonté générale du moment ? La réponse de Rousseau est limpide : Biographie Tocqueville, Perrin, Comprendre Tocqueville, Rousseau, Contrat Social,
    Afin donc que ce pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement, qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale, y sera contraint par tout le corps ; ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera à être libre, car telle est la condition qui, donnant chaque citoyen à la patrie, le garantit de toute dépendance personnelle, condition qui fait l’artifice et le Jeu de la machine politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels, sans cela, seraient absurdes, tyranniques, et sujets aux plus énormes abus.
    Ces textes essentiels des chapitres 6 et 7 du Livre I du Contrat social contiennent déjà en germe toutes les dérives qui conduisent potentiellement aux despotismes « démocratiques » car tel est l’élément majeur qui choque la doxa pour laquelle la démocratie est antinomique du despotisme, et pourtant l’histoire nous a appris à quelles dérives conduisent ces systèmes qui entendent « condamner l’individu à être libre »,(et j’ajoute en note : Pensons par exemple à la logique imparable des camps de rééducation chinois ou vietnamiens : ou bien le prisonnier ne comprenait pas pourquoi il était là, c’était donc qu’il était associable et porteur encore des fausses valeurs et du dogme des libertés formelles, ou bien il avait compris pourquoi il était là et ne pouvait par conséquent songer à demander à sortir !)

     
     
     
     
  • Édition des Mémoires d'Hervé de Tocqueville

    Un texte remarquable dont l'édition était attendue depuis des décennies.

    Tocqueville, mémoires Hervé, Restauration

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  • Jennifer Pitts, Université de Chicago à propos du dictionnaire Tocqueville

    image001.jpgThis remarkable dictionary draws on Benoît’s vast knowledge of Tocqueville’s life and family, and his intellectual and political preoccupations, to present vivid and original brief essays on a striking array of subjects. General readers and specialists alike will learn much from entries on topics large and small, from “liberalism” to “rubbish,” all taken up with Benoît’s characteristically lively judgment. Topics connected with empire, slavery, and political economy receive particularly thorough treatment. Throughout, Benoît pays welcome attention to Tocqueville’s use of language and his literary style.a-turn-to-empire.jpg

    Jennifer Pitts

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  • Au revoir Jean d'Ormesson

    J'ai appris ce matin la mort de Jean d'Ormesson. Je pense à lui pour de multiples raisons que je préciserai bientôt. Mercredi dernier dernier, 29 novembre à 11h46 mon téléphone sonne, surprise c'était lui. Il m'appelait à la suite d'un courrier que je lui avais expédié à l'Académie le 24. Il m'a dit : "Vous savez, je suis bien fatigué". Puis nous avons parlé, quelques petites minutes, de Tocqueville à propos duquel je lui avais déjà écrit voici plusieurs années, il m'avait alors répondu par lettre. Lors de notre conversation il a cité le nom de Giscard comme l'un des académiciens connaissant Tocqueville. Je lui ai dit : "il y en a d'autres, Fumaroli par exemple" et il m'a répondu : " Je le vois demain midi, nous mangeons ensemble".
    Ce jour là il était fatigué, il savait qu'il arrivait au terme de sa vie mais il ne pensait pas sa mort si proche car il comptait se rendre encore prochainement à l'Académie.

  • Réponse au dernier livre de Michel Onfray et à la quintessence du condensé de F.O. Giesbert dans Le Point du 17 novembre 2017.

    Le 15 août 1834, Tocqueville rejoint son ami Beaumont au château de Gallerande. Ils sont en train d’achever leurs deux ouvrages. Le propos de celui de Beaumont est la dénonciation de l’esclavage mais aussi du génocide des Indiens : Marie ou de l’esclavage aux Etats-Unis. D’un commun accord les deux amis avaient décidé que Tocqueville traiterait des institutions américaines, mais au début 1834 des émeutes raciales tournées contre les Noirs ont éclaté à New York. Situation très grave; Beaumont consacrera un chapitre à ces massacres : « L’émeute » et Tocqueville rédige un nouveau chapitre, le dernier de la première Démocratie à L’avenir des trois races, qui représente ¼ de la totalité du livre, à la dénonciation du génocide des Indiens, de l’esclavage et de la situation faite aux Indiens et aux Noirs.

    Tocqueville et Beaumont avaient bien pris conscience de la nature exacte du crime contre l’humanité qui se déroulait et la publication du livre de Beaumont et l’inclusion, dans celui de Tocqueville, du chapitre X, répondaient au besoin de témoigner, de dénoncer la double atteinte au droit naturel et aux droits des individus et des peuples, véritable déni de démocratie au sein même de la grande démocratie moderne ; et, pour Tocqueville, il était devenu capital d’établir qu’il n’était pas passé à côté de l’existence de cette antinomie démocratique.

    C’est là le thème de ma communication au symposium organisé par Liberty Fund à Compostelle en 2008, publiée dans l’édition de Tocqueville’s Voyage, réalisée par Christine Dunn Henderson pour Liberty Fund  

    Tocqueville, Indiens,génocide, esclavage, noirs,

    dont on peut lire la version française sur :

    http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoit_jean_louis/reflexions_tocquevilliennes/reflexions.html

     

    L’inversion de la perspective et le changement total de point de vue sur le sort réservé aux Indiens

    Le dernier chapitre de La démocratie est d’autant plus remarquable qu’en ce qui concerne la question des Indiens, Tocqueville inverse la perspective du premier chapitre de l’ouvrage concernant les conditions faites aux Indiens et leur destinée. Là, après avoir souligné les vertus des Indiens, il se plaçait dans une perspective historique admettant que si les Indiens étaient certes les premiers occupants du pays, ils n’en étaient pas pour autant vraiment les propriétaires, se ralliant, en vertu de la force des lois du développement historique, au point de vue des citoyens américains pour lesquels les Indiens n’avaient été jusqu’alors que les usufruitiers temporaires du sol, « en attendant ».

    Dans le chapitre X, au contraire, il dénonce avec vigueur le génocide qui est décidé et que Jackson, le premier grand génocidaire moderne, est bien décidé à mener le crime à son terme.

     

    Il faut donc en finir avec les élucubrations aberrantes et malhonnêtes.

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  • État social démocratique, démocratie, despotismes et démocratures

    • Un mouvement irrésistible (nous) entraîne chaque jour, et (nous)marchons en aveugles, peut-être vers le despotisme, peut-être vers la république, mais à coup sûr vers un état social démocratique ?(A., I, 2, ch.5)

     

    Introduction

    Tocqueville analyste de la démocratie moderne : une pensée pour aujourd’hui (les pathologies de la démocratie actuelle).

    Tocqueville annonce le surgissement inéluctable de la démocratie : États-Unis, États de droit de l’Europe occidentale ; une seule alternative désormais : démocratie ou despotisme sachant que le despotisme n’est pas antinomique avec la démocratie, il en est l’un des avatars, l’une des voies de sortie.

    « la démocratie coule à pleins bords »

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  • À propos de "Tocqueville et les Apaches".

    Réponse à Michel Onfray

    Mise au point sur Tocqueville les Indiens et les Noirs, l’Algérie et 1848

    Pendant le week-end du 14-15 janvier 2017 a eu lieu à Caen l’inauguration de la médiathèque Tocqueville.

    Le maire de Caen avait décidé de donner le nom de Tocqueville à cette nouvelle médiathèque et j’avais tenu à le féliciter de cette décision en lui envoyant un petit courrier. Il a décidé de centrer les événements qui marqueraient ces deux jours autour de Michel Onfray qui échangeait le dimanche matin avec Brigitte Krulic sur : « Alexis de Tocqueville historien et philosophe » et devait donner l’après-midi une « Leçon » au Conservatoire de Caen, retransmise en direct dans le forum de la bibliothèque Alexis de Tocqueville : « Alexis de Tocqueville, la passion de la liberté ».

    Pendant ces deux jours on remettait gracieusement aux centaines de visiteurs un petit ouvrage : « Michel Onfray La passion de la liberté, Tocqueville contre le despotisme démocratique[1]. »

    Le calendrier des manifestations avait été arrêté avec Michel Onfray et des invitations avaient été lancées aux personnalités mais j’appris huit jours auparavant que la « Leçon » était reportée à une date ultérieure, sans autre précision sur la raison de ce report.

    Joël Bruneau, maire de Caen, avait fait appel à Michel Onfray pour des raisons médiatiques. Je l’avais entendu précédemment à deux ou trois reprises évoquer Tocqueville de façon critique en utilisant les arguments habituels de la doxa des anti-tocquevilliens qui correspondaient assez bien à ses orientations politico-idéologiques, même si elles sont mouvantes et difficiles à cerner.

    Dans la préface de son dernier livre il écrit :

    « Longtemps je n'avais lu de Tocqueville que son Ancien régime et la Révolution française[2].(…) Je n'y avais pas compris grand-chose tant cet ouvrage exige en amont des connaissances sur la Révolution française. »

    Et il précise :

    « Quand Joël Bruneau, le maire de Caen, m'a sollicité pour le discours inaugural de la médiathèque, qui venait de prendre son nom. J'ai accepté en me disant que j'aurais ainsi l'occasion de revenir à un auteur que je n'avais lu que partiellement. »

    Dans son premier livre, Michel Onfray a puisé un très grand nombre d’éléments dans ma biographie[3] sans jamais signaler ses sources, sauf une fois, à la fin du livre :

    « Jean-Louis Benoît a écrit dans son incontournable Tocqueville, un destin paradoxal : ‘C’est à ce moment précis de sa vie que Tocqueville envisage le programme le plus social, le plus marqué à gauche, de toute sa carrière, qui est également le programme le plus avancé de toute la gauche réformiste sous la Monarchie de Juillet.’ »

    Et il fait de cet emprunt, Tocqueville homme de gauche, le leitmotiv de son livre ; d’aucuns parleraient de plagiat, et cependant, je préfère préciser qu’il s’agissait chez moi de présenter ces idées de Tocqueville dans leur contexte historique, celui de la gauche réformiste, ni socialisante ni communisante, de la Monarchie de Juillet. Pagnerre, homme de gauche et républicain qui fut reçu au château de Tocqueville et qui réalisa en 1848, la treizième édition de De la démocratie en Amérique, avait effectivement considéré qu’il pouvait inclure Tocqueville dans les députés de gauche de la Monarchie de Juillet, mais un homme de gauche atypique, tant il était marqué par ses origines, mais qui était pour la réforme, l’abaissement du cens menant à terme au suffrage universel et qui, bien qu’anglophile, voulait que la France tienne tête à l’Angleterre toujours soucieuse de nous tailler des croupières. Tels étaient les marqueurs retenus par Pagnerre ; le dernier notamment est l’une des raisons pour lesquelles il entendait que la France se maintienne en Algérie.

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  • État social démocratique, démocratie, despotismes et démocratures

    Ouest-France  16 octobre 2017  e m'inscris !

    « Pourquoi il faut lire les écrits de Tocqueville »

     

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  • Dictionnaire Tocqueville

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  • Tocqueville et la dénonciation du génocide des Indiens aux Etats-Unis

     Dans la rubrique Vient de sortir

    Liberty Fund a édité de très nombreux textes de, sur, ou à propos de Tocqueville, notamment The Making of Tocqueville’s Democracy in America, de James Schleifer, l’un des plus grands spécialistes de ce texte,

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    ainsi que l’édition bilingue de De la démocratie en Amérique (reprise de l’édition Vrin – 1990 – qui est la meilleure existant sur la marché). L’édition Liberty Fund – 4 tomes cartonnés, 3200 pages – est sans équivalent et appelée à faire date et à constituer l’édition de référence pour les chercheurs et spécialistes, pour les décennies à venir.génocide,indiens,esclavage,beaumont,tocqueville,yale,nolla,henderson,chicago,compostelle,liberty fund

    Aujourd’hui, Liberty Fund publie, sous la direction de Christine Henderson Tocqueville’s Voyage, les actes du double de symposium de Saint Jacques de Compostelle (25-28 sept 2008) et de Chicago (8-11 janvier 2009) qui réunissaient les principaux spécialistes du moment, parmi lesquels trois éditeurs (publishers) de De la démocratie en Amérique, en anglais (E.U.) , au premier rang desquels Eduardo Nolla qui a été seize ans chercheurs et enseignant à l’Université Yale.

     Cela a été un grand plaisir pour moi non seulement d’être invité au symposium de Compostelle mais encore d’être invité à faire une communication qui paraît aujourd’hui dans ce volume sous le titre Tocqueville's Reflections on a Democratic Paradox.

    Nous avions à proposer un thème portant sur le voyage américain de Tocqueville établissant un lien avec la suite de son oeuvre et son action politiques. 

    J’ai donc entrepris l’analyse de la double antinomie démocratique que constituait, pour Tocqueville et son ami Beaumont, le fait que cette grande démocratie remarquable s’établisse sur le génocide des Indiens et l’esclavage des Noirs, véritable crimes contre l’humanité (Tocqueville est à ma connaissance, le premier à utiliser cette expression au mot près et stricto sensu).

    L’entreprise relevait un peu du challenge ; certes les étatsuniens reconnaissent les faits, le mot génocide lui-même n’est plus systématiquement rejeté. Mais j’ai tenu à établir faits, textes, chiffres en mains que le terme est tout à fait juste. La population indienne qui représentait de 8 à 12 millions (le chiffre le plus vraisemblable étant de 10-11 millions) à l’arrivée des Européens, s’est trouvé réduit à 200-250000 au plus bas de l’étiage, à la fin du XIXe siècle. Mais le fait le plus important, qui constitue le centre de mon analyse,  était de prouver que ce n’était pas là le fruit d’un accident, d’un enchaînement mécanique de causes involontaires mais un acte politiquement délibéré obéissant au choix de la majorité des citoyens, textes à l’appui, chiffres à l’appui. 

    Tocqueville et Beaumont assistent même à la déportation des Chactas, qui signifie à court terme leur élimination, leur disparition et celle des Indiens des trois autres grandes tribus, dont les Cheyennes.

    Le Film de John Ford Cheyennes ne date que de 1964, ce n’est qu’en 1987 que le Congrès américain a choisi de nommer La piste des larmes  l'itinéraire, de la déportation des Cherokees.Tocqueville, dans le chapitre X de la première Démocratie (1835) comme dans sa correspondance, et Beaumont, dans son roman Marie ou de l’esclavage aux Etats-Unis,  dénoncent vigoureusement cette extermination systématique dont le responsable le plus déterminé est les président Jackson qui n’hésite pas pour cela à passer outre aux décisions du Congrès : ils choisissent de témoigner devant l'Histoire.

    Voici la liste des auteurs des communications qui figurent dans le livre de Christine Henderson : 

    Enrique Aguilar holds a PhD in political science from Pontifica Universidad Católica in Argentina, where he presently is professor of political theory and director of the Ph.D. program in Political Science of the Faculty of Social Sciences of the Universidad Católica Argentina.

     Barbara Allen is Ada M. Harrison Distinguished Teaching Professor of the Social Sciences, professor and former chair of the Department of Political Science, and director of Women’s Studies at Carleton College in Northfield, Minn.

     Jean-Louis Benoît MA in moral and political philosophy from Paris IV Sorbonne, PhD  Université de Caen. He initiated and co-organized the 1990 international colloquium L’actualité de Tocqueville and, in 2005,  the international colloquium honoring the bicentenary of Tocqueville’s birth : Tocqueville entre l’Amérique et l’Europe.

    Aurelian Craiutu is professor of political science at Indiana University–Bloomington.

     Simon J. D. Green is professor of modern history at the University of Leeds and fellow of All Souls College, Oxford.

     Christine Dunn Henderson is senior fellow at Liberty Fund. She managed, edited and introduced the symposium and the publishing of the essays. The book is to be published in October and should be on sale from November 1st.

     Jeremy Jennings is professor of political theory at Queen Mary Uni­versity of London.

     Alan S. Kahan is professor of British civilization at the Université de Versailles/St. Quentin-en-Yvelines.

     Harvey C. Mansfield is the William R. Kenan Jr. Professor of Gov­ernment at Harvard University,

     Reiji Matsumodo graduated from the University of Tokyo, he has been teaching political theory at Waseda University since 1982.

     Eduardo Nolla is professor of political theory at the Universidad San Pablo–CEU, Madrid. He was a visiting scholar at Yale University from 1981 to 1985 and taught there full time from 1986 to 1992.

     Filippo Sabetti is professor of political science at McGill University, Montreal, Quebec,

    James T. Schleifer , professor emeritus of history and former dean of Gill Library at the College of New Rochelle, received his PhD in his­tory from Yale University. Internationally recognized as a Tocqueville scholar, he has taught as a visiting professor at Yale University and at the University of Paris.

     Cheryl B. Welch is senior lecturer and director of undergraduate studies in government at Harvard University.

     Catherine H. Zuckert is Nancy Reeves Dreux Professor of Politi­cal Science at the University of Notre Dame where she also serves as editor-in-chief of the Review of Politics.

    “Tocqueville’s Voyage” September 25-28, 2008 Santiago de Compostela.

     CONFERENCE DIRECTOR Dr. Eduardo Nolla Universidad San Pablo-CEU

     DISCUSSION LEADER Professor David Wotton Department of History York University Heslington, York United Kingdom

     LIBERTY FUND REPRESENTATIVE Dr. Christine Dunn Henderson Liberty Fund, Inc  Indianapolis, IN 46250

  • Puisqu'il est question de religion par les temps qui courent

    D'abord un lien avec un podcast sur France Culture où le remarquable Abdelawab Meddeb m'interrogeait  sur mon livre présentant les textes, notes et analyses de Tocqueville sur le fait religieux, les religions et la société.Capture d’écran 2015-02-23 à 22.08.22.png

    Le livre a été publié en Espagnol sous le titre: Tocqueville sobre las religiones, bien préférable au titre français imposé par l'éditeur: Tocqueville, Notes sur le Cran et autres textes sur les religions...Capture d’écran 2015-02-23 à 22.11.11.png

    Les notes sur la Coran ne représentent que 18% de l'ensemble dont le propos est beaucoup plus vaste et riche d'enseignements qui amènent à la réflexion et plus encore lorsque Meddeb propose une lecture plus vaste et plus ample. Voici le lien:

     

    http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoit_jean_louis/tocqueville_et_islam_entrevue/tocqueville_et_islam.html

     

    Autre élément intéressant cette émission de Gabriel Enthoven à propos de Tocqueville, dans laquelle il aborde la question des rapports de Tocqueville et la religion et la foi. Et sur ce point, et dans les affirmations qui sont les siennes figurent nombre d'erreurs et/ou d'inexactitudes, d'où mon désir, absolument pas polémique, de faire quelques mises au point, non pour contredire l'intervenant mais  pour rétablir des faits que je connais d'autant mieux que j'ai participé à les mettre en valeur... Impossible d'introduire mon texte dans l'espace réservé à cet effet. J'ai donc demandé à un collègue de prendre le relais, même chose.

    Je ne recourrai pas à la théorie du complot dans cette affaire, je remercie simplement le médiateur d'avoir pris en compte mon intervention. Ajoutons - il faut bien sourire - que dans cette même émission Enthoven qui enseigne la philosophie à polytechnique (je crois) a fait part de son indignation parce que certains de ses élèves lui avaient demandé de se justifier, de dire d'où il parlait.

    Cris de pucelle outragée... Savez-vous qu'aux Etats-Unis les enseignants du supérieur sont l'objet d'une évaluation de la part de leurs étudiants.

    Quoi de plus normal ?

    En France les formateurs se gardent bien d'une telle  pratique: je me souviens des stagiaires des instituts de formation des maîtres, chers à Jospin, protestant véhémentement contre la pitance qui leur était servie et qui, s'ils avaient été consultés, auraient mis un zéro pointé aux responsables et principaux acteurs de cette formation au "staff" de l'IUFM.

    Voici ce qu'on peut trouver mis en ligne par le médiateur:

    Impossible de mettre un commentaire au Gai savoir sur Tocqueville

     
    Jean-Louis Benoît
    le 07/01/2015 à 22h10

    J'ai essayé à plus de 20 reprises de metttre un commentaire à l'émission d'Enthoven , Le gai Savoir, sur Tocqueville, un de mes amis a fait de même sans succès. C'est anormal.JLB

    En voici le texte:

    Il est toujours intéressant d’écouter une émission consacrée à Tocqueville, elles ne sont pas si nombreuses et Raphaël Enthoven est celui qui a fait le plus en la matière. Dans chacune il prend soin de préciser que Tocqueville n’était pas cartésien bien qu’il connût les textes de l’auteur du Discours de la Méthode auquel il fait allusion dans la seconde Démocratie par le biais du pragmatisme cartésien des Américains.

    Le fait est tellement avéré, la problématique de l’un et celle de l’autre étant effectivement irréductibles, la rupture des Lumières et de la Révolution et le surgissement démocratique faisant apparaître deux visions du monde si étrangères l’une à l’autre que le rappel de l’hétérogénéité des deux approches philosophiques est sans doute superflu.

    Enthoven est bien inspiré de souligner la relation étroite liant le milieu familial de Tocqueville sa vie et sa pensée ; et il faudrait ajouter à son action, pensée et action étant chez lui inséparables. Itinéraire platonicien de la sphère des idées  au monde sublunaire, de l’analyse du surgissement inéluctable de la démocratie au combat politique pour l’instauration d’une République équilibrée. Tout ceci  a fait de sa vie, on le verra bientôt dans un livre à paraître en février prochain, un véritable roman.

    Dans son émission, Raphaël Enthoven prend appui, à juste titre, sur des données biographiques mais il devrait veiller à plus d’exactitude.

    Contrairement à ce qu’il affirme, Hervé de Tocqueville, père d’Alexis, n’a pu voter l’abolition des privilèges… Il eût fallu qu’il appartînt au corps des représentants de la noblesse le 4 août 1789 ; ce n’est pas le cas, il n’avait alors que dix-sept ans, depuis la veille !

    Il affirme également, et cette fois à juste titre, qu’il est important de considérer les rapports de Tocqueville avec la religion. Celui-ci considérant que le doute est l’un des pires maux pour l’individu comme pour la société affirme dans la seconde Démocratie (1840) : « Pour moi, je doute que l’homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique ; et je suis porté à penser que, s’il n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et, s’il est libre, qu’il croie. »Je ne sais cependant si cette grande utilité des religions n’est pas plus visible encore chez les peuples où les conditions sont égales, que chez tous les autres.

     

    Raphaël Enthoven cite à l’appui de son argumentation la lettre qu’Alexis adressa le 26 février 1857, à Mme de Swetchine, une émigrée russe de grande qualité, convertie au catholicisme et qui faisait un peu office de directeur de conscience dans un milieu spiritualiste parisien. Les deux correspondants n’avaient plus qu’un an à vivre, pour l’une, deux pour l’autre. Dans cette lettre Alexis fait un aveu unique, jamais il n’a dit à personne comment plus de trente-cinq ans auparavant, en 1821, il avait alors seize ans, un doute absolu s’est emparé de lui. Il a connu alors une crise existentielle qui ne l’a jamais vraiment quitté depuis. Il a perdu alors la foi de son enfance, perte irréparable et jamais comblée, même à la veille de sa mort.

    Mais Raphaël Enthoven ajoute que « les descendants d’Alexis ont voulu faire disparaître » cette lettre.

    Affirmation entièrement fausse.

    Tocqueville et sa femme n’ont pas eu d’enfants, la seule descendance familiale  est celle d’Edouard, son frère, c’est à dire ses neveux, petits-neveux et arrière petits neveux… Qui ont ouvert très largement la correspondance et les documents d’Alexis rendus entièrement accessibles au public aujourd’hui, ce dont il faut les remercier vivement car c’est loin d’être toujours le cas.

    Capture d’écran 2015-02-23 à 22.16.49.png

    Quant à l’existence de la lettre d’Alexis à Mme de Swetchine, elle n’était connue que par Marie, femme d’Alexis, Falloux, Gustave de Beaumont, son collègue et ami intime, et la femme de celui-ci, Clémentine, La petite fille de La Fayette. Tous voulaient conserver ce document d’une importance capitale, sauf Marie, qui préparait avec Beaumont la première édition des œuvres complètes et exigea la destruction du document afin de préserver l’image d’Alexis qu’elle entendait faire passer à la postérité. Il fallut s’exécuter, heureusement, Clémentine de Beaumont avait fait, manifestement sans rien en dire, une copie de cette lettre que Rédier découvrit dans ses archives et révéla en 1926.

    A partir du texte de cette lettre, Rafael Enthoven affirme que Tocqueville ne croyait plus en Dieu, qu’il était athée, même si le mot ne figure pas/plus dans le podcast de l’émission. Une fois encore, l’affirmation n’est pas conforme à ce que nous apprend la biographie de Tocqueville.

    Certes il a perdu la foi de son enfance, certes il n’admet plus le contenu des dogmes, au premier rang desquels celui du péché originel. Il l’écrit à l’abbé Lesueur, son vieux précepteur lorsqu’il a appris qu’Alexis n’a pas fait ses Pâques :Je crois ; mais je ne puis pratiquer, la phrase a horrifié son vieil ami, il le lui dit dans sa réponse, le 8 septembre 1824.

    Alexis a perdu la foi de son enfance, le doute ne le quitte pas, il est essentiellement agnostique, au sens premier du mot, mais être agnostique ce n’est pas être athée. Tocqueville affirme toujours, sans exception aucune, être assuré de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme, mais la nature même de ces éléments est de l’ordre du mystère et demeure totalement insondable ; l’homme n’en peut rien connaître, nul ne peut voir le visage de Dieu sans mourir.

    Le croyant possède l’assurance de sa foi et de son contenu, celui qui n’a pas la foi demeure dans un doute insondable. Telle est l’expérience existentielle de Tocqueville depuis ses seize ans jusqu’à la veille de sa mort. En 1843, il écrit à Gobineau : « Je ne suis pas croyant (ce que je suis loin de dire pour me vanter) mais tout incroyant que je sois, je n’ai jamais pu me défendre d’une émotion profonde en lisant l’Évangile". Capture d’écran 2015-02-23 à 22.20.42.png 

    Il n’est pas croyant dans la mesure où le Credo lui échappe ; mais pourtant, parlant du catholicisme, il dit : « la religion que je professe », mais c’est là une vérité sociale, sociologique : vivre et mourir dans la religion dans laquelle j’ai été élevé !...

    Mais son ami Corcelle, ancien Carbonaro, néo converti, voit plutôt en lui un protestant, et ce qui n’est pas pour lui un compliment ; Morichini, légat du pape, fait de même !

    En fait, Tocqueville est plus chrétien, admirateur du christianisme originel, que catholique.  Ses textes de références sont ceux des Béatitudes et l’épître aux Galates qui « inventent », avant les Lumières, les valeurs d’humanité, d’égalité et d’universalisme : le christianisme est le grand fond de la morale moderne, il opère un renversement des valeurs. Les Lumières n’ont fait qu’opérer une reprise laïcisée des valeurs d’universalité et d’humanité mises en place par le christianisme originel :

    « Il fallut que Jésus-Christ vînt sur la terre pour faire comprendre que tous les membres de l'espèce humaine étaient naturellement semblables et égaux. » (Seconde Démocratie, I, ch. 3)

    Il écrit à Gobineau le 5 septembre 1843 : « Le christianisme me paraît avoir fait une révolution ou, si vous l’aimez mieux, un changement très considérable dans les idées relatives aux devoirs et aux droits, idées qui sont, en définitive, la matière de toute science morale.

    Le christianisme ne créa pas précisément des devoirs nouveaux ou en d’autres termes des vertus entièrement nouvelles ; mais il changea la position relative qu’occupaient entre elles les vertus. Les vertus rudes et à moitié sauvages étaient en tête de la liste ; il les plaça à la fin. Les vertus douces, telles que l’humanité, la pitié, l’indulgence, l’oubli même des injures, étaient des dernières ; il les plaça avant toutes les autres. Premier changement.

    Le champ des devoirs était limité. Il l’étendit. Il n’allait guère plus loin que les concitoyens. Il y fit entrer tous les hommes. Il renfermait principalement les maîtres ; il y introduisit les esclaves. Il mit dans un jour éclatant l’égalité, l’unité, la fraternité humaine. Second changement. »

    Quelques temps après sa lettre à Mme de Swetchine, il écrit à son ami le philosophe Bouchitté : « J’aurais eu un goût passionné pour les études philosophiques […] [mais] Ces idées conduisent aisément jusqu’à la croyance d’une cause première, qui reste tout à la fois évidente et inconcevable ; à des lois fixes que le monde physique laisse voir et qu’il faut supposer dans le monde moral ; à la providence de Dieu, par conséquent à sa justice ; à la responsabilité des actions de l’homme, auquel on a permis de connaître qu’il y a un bien et un mal, et, par conséquent, à une autre vie… » (O.C., (Bmt), t. 7, 1864, p. 475-477.)

    On aura saisi, je pense, que la question de la religion tenant un rôle capital dans l’œuvre de Tocqueville, il convient de l’aborder avec sérieux et rigueur.

    JLB

     

     

     
  • A propos de l'émission d'Enthoven sur Tocqueville

    Tocqueville n'était pas athée mais agnostique

    Il est toujours intéressant d’écouter une émission consacrée à Tocqueville, elles ne sont pas si nombreuses et Raphaël Enthoven est celui qui a fait le plus en la matière. Dans chacune il prend soin de préciser que Tocqueville n’était pas cartésien bien qu’il connût les textes de l’auteur du Discours de la Méthode auquel il fait allusion dans la seconde Démocratie par le biais du pragmatisme cartésien des Américains.

    Le fait est tellement avéré, la problématique de l’un et celle de l’autre étant effectivement irréductibles, la rupture des Lumières et de la Révolution et le surgissement démocratique faisant apparaître deux visions du monde si étrangères l’une à l’autre que le rappel de l’hétérogénéité des deux approches philosophiques est sans doute superflu.

    Enthoven est bien inspiré de souligner la relation étroite liant le milieu familial de Tocqueville sa vie et sa pensée ; et il faudrait ajouter à son action, pensée et action étant chez lui inséparables. Itinéraire platonicien de la sphère des idées  au monde sublunaire, de l’analyse du surgissement inéluctable de la démocratie au combat politique pour l’instauration d’une République équilibrée. Tout ceci  a fait de sa vie, on le verra bientôt dans un livre à paraître en février prochain, un véritable roman.

    Dans son émission, Raphaël Enthoven prend appui, à juste titre, sur des données biographiques mais il devrait veiller à plus d’exactitude.

    Contrairement à ce qu’il affirme, Hervé de Tocqueville, père d’Alexis, n’a pu voter l’abolition des privilèges… Il eût fallu qu’il appartînt au corps des représentants de la noblesse le 4 août 1789 ; ce n’est pas le cas, il n’avait alors que dix-sept ans, depuis la veille !

    Il affirme également, et cette fois à juste titre, qu’il est important de considérer les rapports de Tocqueville avec la religion. Celui-ci considérant que le doute est l’un des pires maux pour l’individu comme pour la société affirme dans la seconde Démocratie (1840) : « Pour moi, je doute que l’homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique ; et je suis porté à penser que, s’il n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et, s’il est libre, qu’il croie... Je ne sais cependant si cette grande utilité des religions n’est pas plus visible encore chez les peuples où les conditions sont égales, que chez tous les autres.»

    Raphaël Enthoven cite à l’appui de son argumentation la lettre qu’Alexis adressa le 26 février 1857, à Mme de Swetchine, une émigrée russe de grande qualité, convertie au catholicisme et qui faisait un peu office de directeur de conscience dans un milieu spiritualiste parisien. Les deux correspondants n’avaient plus qu’un an à vivre, pour l’une, deux pour l’autre. Dans cette lettre Alexis fait un aveu unique, jamais il n’a dit à personne comment plus de trente-cinq ans auparavant, en 1821, il avait alors seize ans, un doute absolu s’est emparé de lui. Il a connu alors une crise existentielle qui ne l’a jamais vraiment quitté depuis. Il a perdu alors la foi de son enfance, perte irréparable et jamais comblée, même à la veille de sa mort.

    Mais Raphaël Enthoven ajoute que « les descendants d’Alexis ont voulu faire disparaître » cette lettre.Capture d’écran 2015-01-06 à 16.15.35.png

    Affirmation entièrement fausse.

    Tocqueville et sa femme n’ont pas eu d’enfants, la seule descendance familiale  est celle d’Edouard, son frère, c’est à dire ses neveux, petits-neveux et arrière petits neveux… Qui ont ouvert très largement la correspondance et les documents d’Alexis rendus entièrement accessibles au public aujourd’hui, ce dont il faut les remercier vivement car c’est loin d’être toujours le cas.

    Capture d’écran 2015-01-06 à 17.00.54.pngQuant à l’existence de la lettre d’Alexis à Mme de Swetchine, elle n’était connue que par Marie, femme d’Alexis, Falloux, Gustave de Beaumont, son collègue et ami intime, et la femme de celui-ci, Clémentine, La petite fille de La Fayette. Tous voulaient conserver ce document d’une importance capitale, sauf Marie, qui préparait avec Beaumont la première édition des œuvres complètes et exigea la destruction du document afin de préserver l’image d’Alexis qu’elle entendait faire passer à la postérité. Il fallut s’exécuter, heureusement, Clémentine de Beaumont avait fait, manifestement sans rien en dire, une copie de cette lettre que Rédier découvrit dans ses archives et révéla en 1926.

    A partir du texte de cette lettre, Rafael Enthoven affirme que Tocqueville ne croyait plus en Dieu, qu’il était athée, même si le mot ne figure pas/plus dans le podcast de l’émission. Une fois encore, l’affirmation n’est pas conforme à ce que nous apprend la biographie de Tocqueville.

    Certes il a perdu la foi de son enfance, certes il n’admet plus le contenu des dogmes, au premier rang desquels celui du péché originel. Il l’écrit à l’abbé Lesueur, son vieux précepteur lorsqu’il a appris qu’Alexis n’a pas fait ses Pâques : Je crois ; mais je ne puis pratiquer, la phrase a horrifié son vieil ami, il le lui dit dans sa réponse, le 8 septembre 1824.

    Capture d’écran 2015-01-06 à 16.39.06.pngAlexis a perdu la foi de son enfance, le doute ne le quitte pas, il est essentiellement agnostique, au sens premier du mot, mais être agnostique ce n’est pas être athée. Tocqueville affirme toujours, sans exception aucune, être assuré de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme, mais la nature même de ces éléments est de l’ordre du mystère et demeure totalement insondable ; l’homme n’en peut rien connaître, nul ne peut voir le visage de Dieu sans mourir.

    Le croyant possède l’assurance de sa foi et de son contenu, celui qui n’a pas la foi demeure dans un doute insondable. Telle est l’expérience existentielle de Tocqueville depuis ses seize ans jusqu’à la veille de sa mort. En 1843, il écrit à Gobineau : « Je ne suis pas croyant (ce que je suis loin de dire pour me vanter) mais tout incroyant que je sois, je n’ai jamais pu me défendre d’une émotion profonde en lisant l’Évangile". 

     

     

    Capture d’écran 2015-01-06 à 16.11.19.png Tocqueville n’est pas croyant dans la mesure où le Credo lui échappe ; mais pourtant, parlant du catholicisme, il dit : « la religion que je professe », mais c’est là une vérité sociale, sociologique : vivre et mourir dans la religion dans laquelle j’ai été élevé !...

    Mais son ami Corcelle, ancien Carbonaro, néo converti, voit plutôt en lui un protestant, et ce qui n’est pas pour lui un compliment ; Morichini, légat du pape, fait de même !

    En fait, Tocqueville est plus chrétien, admirateur du christianisme originel, que catholique.  Ses textes de références sont ceux des Béatitudes et l’épître aux Galates qui « inventent », avant les Lumières, les valeurs d’humanité, d’égalité et d’universalisme : le christianisme est le grand fond de la morale moderne, il opère un renversement des valeurs. Les Lumières n’ont fait qu’opérer une reprise laïcisée des valeurs d’universalité et d’humanité mises en place par le christianisme originel :

    « Il fallut que Jésus-Christ vînt sur la terre pour faire comprendre que tous les membres de l'espèce humaine étaient naturellement semblables et égaux. » (Seconde Démocratie, I, ch. 3)

    Il écrit à Gobineau le 5 septembre 1843 : « Le christianisme me paraît avoir fait une révolution ou, si vous l’aimez mieux, un changement très considérable dans les idées relatives aux devoirs et aux droits, idées qui sont, en définitive, la matière de toute science morale.

    Le christianisme ne créa pas précisément des devoirs nouveaux ou en d’autres termes des vertus entièrement nouvelles ; mais il changea la position relative qu’occupaient entre elles les vertus. Les vertus rudes et à moitié sauvages étaient en tête de la liste ; il les plaça à la fin. Les vertus douces, telles que l’humanité, la pitié, l’indulgence, l’oubli même des injures, étaient des dernières ; il les plaça avant toutes les autres. Premier changement.

    Le champ des devoirs était limité. Il l’étendit. Il n’allait guère plus loin que les concitoyens. Il y fit entrer tous les hommes. Il renfermait principalement les maîtres ; il y introduisit les esclaves. Il mit dans un jour éclatant l’égalité, l’unité, la fraternité humaine. Second changement. »

    Quelques temps après sa lettre à Mme de Swetchine, il écrit à son ami le philosophe Bouchitté : « J’aurais eu un goût passionné pour les études philosophiques […] [mais] Ces idées conduisent aisément jusqu’à la croyance d’une cause première, qui reste tout à la fois évidente et inconcevable ; à des lois fixes que le monde physique laisse voir et qu’il faut supposer dans le monde moral ; à la providence de Dieu, par conséquent à sa justice ; à la responsabilité des actions de l’homme, auquel on a permis de connaître qu’il y a un bien et un mal, et, par conséquent, à une autre vie… » (O.C., (Bmt), t. 7, 1864, p. 475-477.)

    On aura saisi, je pense, que la question de la religion tenant un rôle capital dans l’œuvre de Tocqueville, il convient de l’aborder avec sérieux et rigueur.

    Jean-Louis Benoît

  • Un chapitre de la seconde Démocratie dont les résonances sont fort actuelles

    Voici un chapitre fort intéressant de la seconde Démocratie de Tocqueville qui permet de comprendre pourquoi, dans la seconde partie du XXe siècle, tous les redécouvreurs de Tocqueville (dont Aron, mais également Jacob Peter Mayer à qui l'on doit la mise en place de l'édition des Oeuvres Complètes, chez Gallimard, Furet, mais on aurait grand tort d'oublier Soboul qui analyse avec soin l'approche historique de la Révolution française par Tocqueville, dans l'Encyclopaedia Universalis, Lefebvre, qui rédigea l'introduction de L'Ancien Régime et la Révolution, Braudel, qui rédigea l'introduction des Souvenirs, dans l'édition Folio) ou bien étaient de formation marxiste ou avaient une solide culture marxiste. Dans son fort intéeessant Tocqueville, Jacques Coenen-Huther explique comment le sociologue Ralf Dahrendorf: "a malicieusement présenté une description de la 'révolution de la modernité' qui constitueen fait un habile montage d'extraits du manifeste communiste et de la première Démocratie". A mon sens, le passage qui suit, emprunté à la seconde Démocratie est encore plus significatif. L'analyse des faits (comme en ce qui concerne Le Coup d'Etat du dix-huit Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte) et celle de la situation et des enjeux est identique chez les deux politistes, même si les jugements et choix qui suivent sont différents, voire opposés (on pourra consulter sur ce point mon Tocqueville moraliste).

    Le "prophétisme" de Tocqueville est une formule facile et déplacée, mais son analyse de la possible montée d'un capitalisme industriel, celui des maîtres de forges du XIXe siècle est encore beaucoup plus prégnante pour nous, aujourd'hui, au comment où le capitalisme financier, international et dévoyé, relève du banditisme de la mafia bancaire et capitalistique pour lequel la vie des individus n'a aucune importance et où l'emploi - qui met en question la vie des individus, des familles et des  économies locales - n'est plus qu'une variable d'ajustement!

    Dans le cas précis du texte qui suit, et dont la rigueur est absolument remarquable, on peut penser, juger et/ou regretter que l'hypothèse de Tocqueville selon laquelle la prise de contrôle de la société et de l'économie par une aristocratie inhumaine et pire que tout ce qui a précédé, relève d'un choix de classe, d'un aveuglement volontaire; il n'empêche que ce texte requiert toute notre attention apr les temps qui courent!

    Deuxième partie

     

    CHAPITRE XX

     

    COMMENT L'ARISTOCRATIE POURRAIT SORTIR DE L'INDUSTRIE

     

    J'ai montré comment la démocratie favorisait les développements de l'industrie, et multipliait sans mesure le nombre des industriels; nous allons voir par quel chemin détourné l'industrie pourrait bien à son tour ramener les hommes vers l'aristocratie.

    On a reconnu que quand un ouvrier ne s'occupait tous les jours que du même détail, on parvenait plus aisément, plus rapidement et avec plus d'économie à la pro­duc­tion générale de l’œuvre.

    On a également reconnu que plus une industrie était entreprise en grand, avec de grands capitaux, un grand crédit, plus ses produits étaient à bon marché.

    Ces vérités étaient entrevues depuis longtemps, mais on les a démontrées de nos jours. Déjà on les applique à plusieurs industries très importantes, et successivement les moindres s'en emparent.

    Je ne vois rien dans le monde politique qui doive préoccuper davantage le législa­teur que ces deux nouveaux axiomes de la science industrielle.

    Quand un artisan se livre sans cesse et uniquement à la fabrication d'un seul objet, il finit par s'acquitter de ce travail avec une dextérité singulière. Mais il perd, en même temps, la faculté générale d'appliquer son esprit à la direction du travail. Il devient chaque jour plus habile et moins industrieux, et l'on peut dire qu'en lui l'hom­me se dégrade à mesure que l'ouvrier se perfectionne.

    Que doit-on attendre d'un homme qui a employé vingt ans de sa vie à faire des têtes d'épingles? et à quoi peut désormais s'appliquer chez lui cette puissante intelli­gence humaine, qui a souvent remué le monde, sinon à rechercher le meilleur moyen de faire des tètes d'épingles !

    Lorsqu'un ouvrier a consumé de cette manière une portion considérable de son existence, sa pensée s'est arrêtée pour jamais près de l'objet journalier de ses labeurs; son corps a contracté certaines habitudes fixes dont il ne lui est plus permis de se départir. Et, un mot, il n'appartient plus à lui-même, mais à la profession qu'il a choisie. C'est en vain que les lois et les mœurs ont pris soin de briser autour de cet homme toutes les barrières et de lui ouvrir de tous côtés mille chemins différents vers la fortune; une théorie industrielle plus puissante que les mœurs et les lois l'a attaché à un métier, et souvent à un lieu qu'il ne peut quitter. Elle lui a assigné dans la société une certaine place dont il ne peut sortir. Au milieu du mouvement universel, elle l'a rendu immobile.

    À mesure que le principe de la division du travail reçoit une application plus complète, l'ouvrier devient plus faible, plus borné et plus dépendant. L'art fait des progrès, l'artisan rétrograde. D'un autre côté, à mesure qu'il se découvre plus manifes­tement que les produits d'une industrie sont d'autant plus parfaits et d'autant moins chers que la manufacture est plus vaste et le capital plus grand, des hommes très riches et très éclairés se présentent pour exploiter des industries qui, jusque-là, avaient été livrées à des artisans ignorants ou malaisés. La grandeur des efforts nécessaires et l'immensité des résultats à obtenir les attirent.

    Ainsi donc, dans le même temps que la science industrielle abaisse sans cesse la classe des ouvriers, elle élève celle des maîtres.

    Tandis que l'ouvrier ramène de plus en plus son intelligence à l'étude d'un seul détail, le maître promène chaque jour ses regards sur un plus vaste ensemble, et son esprit s'étend en proportion que celui de l'autre se resserre. Bientôt il ne faudra plus au second que la force physique sans l'intelligence; le premier a besoin de la science, et presque du génie pour réussir. L'un ressemble de plus en plus à l'administrateur d'un vaste empire, et l'autre à une brute.

    Le maître et l'ouvrier n'ont donc ici rien de semblable, et ils diffèrent chaque jour davantage. Ils ne se tiennent que comme les deux anneaux extrêmes d'une longue chaî­ne. Chacun occupe une place qui est faite pour lui, et dont il ne sort point. L'un est dans une dépendance continuelle, étroite et nécessaire de l'autre, et semble né pour obéir, comme celui-ci pour commander.

    Qu'est-ce ceci, sinon de l'aristocratie ?

    Les conditions venant à s'égaliser de plus en plus dans le corps de la nation, le besoin des objets manufacturés s'y généralise et s'y accroît, et le bon marché qui met ces objets à la portée des fortunes médiocres, devient un plus grand élément de succès.

    Il se trouve donc chaque jour que des hommes plus opulents et plus éclairés consacrent à l'industrie leurs richesses et leurs sciences et cherchent, en ouvrant de grands ateliers et en divisant strictement le travail, à satisfaire les nouveaux désirs qui se manifestent de toutes parts.

    Ainsi, à mesure que la masse de la nation tourne à la démocratie, la classe parti­culière qui s'occupe d'industrie devient plus aristocratique. Les hommes se montrent de plus en plus semblables dans l'une et de plus en plus différents dans l'autre, et l'inégalité augmente dans la petite société en proportion qu'elle décroît dans la grande.

    C'est ainsi que, lorsqu'on remonte à la source, il semble qu'on voie l'aristocratie sortir par un effort naturel du sein même de la démocratie.

    Mais cette aristocratie-là ne ressemble point à celles qui l'ont précédée.

    On remarquera d'abord que, ne s'appliquant qu'à l'industrie et à quelques-unes des professions industrielles seulement, elle est une exception, un monstre, dans l'ensem­ble de l'état social.

    Les petites sociétés aristocratiques que forment certaines industries au milieu de l'immense démocratie de nos jours renferment, comme les grandes sociétés aristocra­tiques des anciens temps, quelques hommes très opulents et une multitude très misérable.

    Ces pauvres ont peu de moyens de sortir de leur condition et de devenir riches, mais les riches deviennent sans cesse des pauvres, ou quittent le négoce après avoir réalisé leurs profits. Ainsi, les éléments qui forment la classe des pauvres sont à peu près fixes; mais les éléments qui composent la classe des riches ne le sont pas. À vrai dire, quoiqu'il y ait des riches, la classe des riches n'existe point; car ces riches n'ont pas d'esprit ni d'objets communs, de traditions ni d'espérances communes. Il y a donc des membres, mais point de corps.

    Non seulement les riches ne sont pas unis solidement entre eux, mais on peut dire qu'il n'y a pas de lien véritable entre le pauvre et le riche.

    Ils ne sont pas fixés à perpétuité l'un près de l'autre; à chaque instant l'intérêt les rapproche et les sépare. L'ouvrier dépend en général des maîtres, mais non de tel maître. Ces deux hommes se voient à la fabrique et ne se connaissent pas ailleurs, et tandis qu'ils se touchent par un point, ils restent fort éloignés par tous les autres. Le manufacturier ne demande à l'ouvrier que son travail, et l'ouvrier n'attend de lui que le salaire. L'un ne s'engage point à protéger, ni l'autre à défendre, et ils ne sont liés d'une manière permanente, ni par l'habitude, ni par le devoir.

    L'aristocratie que fonde le négoce ne se fixe presque jamais au milieu de la popu­lation industrielle qu'elle dirige; son but n'est point de gouverner celle-ci, mais de s'en servir.

    Une aristocratie ainsi constituée ne saurait avoir une grande prise sur ceux qu'elle emploie; et, parvint-elle à les saisir un moment, bientôt ils lui échappent. Elle ne sait pas vouloir et ne peut agir.

    L'aristocratie territoriale des siècles passés était obligée par la loi, ou se croyait obligée par les mœurs, de venir au secours de ses serviteurs et de soulager leurs misères. Mais l'aristocratie manufacturière de nos jours, après avoir appauvri et abruti les hommes dont elle se sert, les livre en temps de crise à la charité publique pour les nourrir. Ceci résulte naturellement de ce qui précède. Entre l'ouvrier et le maître, les rapports sont fréquents, mais il n'y a pas d'association véritable.

    Je pense qu'à tout prendre, l'aristocratie manufacturière que nous voyons s'élever sous nos yeux est une des plus dures qui aient paru sur la terre; mais elle est en même temps une des plus restreintes et des moins dangereuses.

    Toutefois, c’est de ce côté que les amis de la démocratie doivent sans cesse tour­ner avec inquiétude leurs regards; car, si jamais l'inégalité permanente des condi­tions et l'aristocratie pénètrent de nouveau dans le monde, on peut prédire qu'elles y entreront par cette porte.

    colloque.jpg

     

     

     

  • Des nouvelles du site consacré à Tocqueville

    Chers amis, chers collègues,

    J'ai cessé de tenir ce blog depuis plusieurs mois maintenant. Il était trop composite - je traiterai sur un autre blog de l'actualité politique car il n'est plus possible de ne pas analyser ce qui se passe - et, en outre j'ai consacré de longs moments à des recherches documentaires qu'il me faut maintenant mettre en forme.

    Ce blog sera donc consacré désormais uniquement à l'actualité des travaux et recherches tocquevilliennes.

    Dans l'immédiat je vous indique les liens qui vous permettront d'accéder au site de Jean-Marie Tremblay, site bénévole et très remarquable qui met en ligne plus de 4000 textes des classiques des sciences sociales, du XVIIIe siècle à nos jours.

    Jean-Marie Tremblay m'a fait l'amitié de mettre en ligne deux de mes ouvrages :

    Tocqueville, Notes sur le Coran et autres textes sur les Religions notes_sur_le_coran_L8.jpg

    et

    Alexis de Tocqueville, Textes économiques, Anthologie critique, publié avec Eric Keslassy.textes_economiques_L17.jpg

    Vous pourrez en outre le texte de communications que j'ai faites dans des colloques internationaux (texte de ma communication au colloque du bicentenaire, faite à la Beinecke Library de l'Université Yale de New Haven), textes de conférences et d'articles publiés dans des revues spécialisées. Enfin des dossiers à l'usage des lycéens et étudiants, mais aussi à leurs professeurs et à l'honnête homme du XXIe siècle désireux d'obtenir des renseignements biographiques et bibliographiques sur Tocqueville.

    Donc, dans l'immédiat, je vous souhaite une bonne lecture. 

    JLB

    jennifer.jpgAvec Jennifer Pitts et Lucia, devant le buste d'Alexis, à Tocqueville.

     

    http://classiques.uqac.ca/

     

    http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoit_jean_louis/benoit_jean_louis.html

    http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/de_tocqueville.html