Voici la copie de la lettre que Jean d’Ormesson m’avait expédiée le 11 juin 2006 en réponse au courrier dans lequel je lui parlais d’un de mes ouvrages.
Mercredi dernier à 11h46 (smartphone faisant foi) il m’a appelé et nous avons parlé quelques minutes de mon Dictionnaire Tocqueville, de Tocqueville et de l’Académie où il allait moins souvent parce qu’il était fatigué, mais il s’y rendrait très bientôt. Nous avons parlé des tocquevilliens et de l’Académie, il a cité le nom de Giscard et, quand je lui ai donné le nomme Fumaroli (qui faisait un éloge ému de matin de son ami), il m’a dit : « Nous mangeons ensemble demain midi ».
Il n’évoquait donc pas la perspective d’une mort si rapprochée.
Jean d’Ormesson était avant tout un homme libre. Il en existe si peu, une clarté, une élégance, un style, pas celui de Chateaubriand qui était pourtant son modèle mais qu’il n’essayait pas de copier.
Jean d’Ormesson c’était aussi un style, un style différent et personnel, et « le style c’est l’homme »
Au revoir Jean d’Ormesson, vous que j’ai entendu dire un jour que vous étiez au fond un agnostique marqué par son catholicisme hérité de sa vie et de sa famille, agnostique, comme Tocqueville. Comme lui, vous ne saviez pas ce qu’il y a derrière le rideau, ni même il y a quelque chose ou quelqu’un, vous le savez peut-être maintenant.
Au revoir
Jean-Louis Benoît