Aux bons soins des docteurs Fmi et Troïka
Je me rappelle, comme dirait Pérec, le moment où DSK, directeur du FMI, disait que le plus simple et le plus économique serait / aurait été, à l'époque, d'annuler la dette de la Grèce, nous étions en 2010-2011. ça aurait coûté combien? Bien moins, si mes souvenirs sont exacts, que les remises partielles ultérieures aujourd'hui évaporées et la dette toujours croissant comme le cadavre dans la pièce de Ionesco.
Mais depuis lors, la médecine du FMi et des instances internationales est exactement celle des médecins de Molière et me fait toujours penser à ce passage délicieux de Dom Juan:
SGANARELLE - Ma foi, Monsieur, avouez que j'ai eu raison, et que nous voilà l'un et l'autre déguisés à merveille. Votre premier dessein n'était point du tout à propos, et ceci nous cache bien mieux que tout ce que vous vouliez faire.
DOM JUAN - Il est vrai que te voilà bien, et je ne sais où tu as été déterrer cet attirail ridicule.
SGANARELLE - Oui? C'est l'habit d'un vieux médecin, qui a été laissé en gage au lieu où je l'ai pris, et il m'en a coûté de l'argent pour l'avoir. Mais savez-vous, Monsieur, que cet habit me met déjà en considération, que je suis salué des gens que je rencontre, et que l'on me vient consulter ainsi qu'un habile homme?
DOM JUAN - Comment donc?
SGANARELLE - Cinq ou six paysans et paysannes, en me voyant passer, me sont venus demander mon avis sur différentes maladies.
DOM JUAN - Tu leur as répondu que tu n'y entendais rien?
SGANARELLE - Moi? Point du tout. J'ai voulu soutenirl'honneur de mon habit: j'ai raisonné sur le mal, et leur ai fait des ordonnances à chacun.
DOM JUAN - Et quels remèdes encore leur as tu ordonnés?
SGANARELLE - Ma foi! Monsieur, j'en ai pris par où j'en ai pu attraper; j'ai fait mes ordonnances à l'aventure, et ce serait une chose plaisante si les malades guérissaient, et qu'on m'en vînt remercier.
DOM JUAN - Et pourquoi non? Par quelle raison n'aurais-tu pas les mêmes privilèges qu'ont tous les autres médecins? Ils n'ont pas plus de part que toi aux guérisons des malades, et tout leur art est pure grimace. Ils ne font rien que recevoir la gloire des heureux succès, et tu peux profiter comme eux du bonheur du malade, et voir attribuer à tes remèdes tout ce qui peut venir des faveurs du hasard et des forces de la nature.
SGANARELLE - Comment, Monsieur, vous êtes aussi impie en médecine / économie ?
DOM JUAN - C'est une des grandes erreurs qui soit parmi les hommes.
SGANARELLE - Quoi? vous ne croyez pas au séné, ni à la casse, ni au vin de l'émétique?
DOM JUAN - Et pourquoi veux-tu que j'y croie?
SGANARELLE - Vous avez l'âme bien mécréante. Cependant vous voyez, depuis un temps, que le vin émétique fait bruire ses fuseaux, ses miracles ont converti les plus incrédules esprits, et il n'y a pas trois semaines que j'en ai vu, moi qui vous parle, un effet merveilleux.
DOM JUAN - Et quel?
SGANARELLE - il y avait un homme qui, depuis six jours, était à l'agonie; on ne savait plus que lui ordonner, et tous les remèdes ne faisaient rien; on s'avisa à la fin de lui donner de l'émétique.
DOM JUAN - Il réchappa, n'est-ce pas?
SGANARELLE - Non, il mourut.
DOM JUAN - L'effet est admirable.