Voici ce que je viens de trouver sur un site UMP : http://catholiques-ump.typepad.fr/catholiques_de_lump/
On se rappelle sans doute que depuis quelque temps, aussi bien Sarkozy que Benoît XVI ont cru bon de faire appel à Tocqueville lui-même pour justifier leur appel à une laïcité positive ; en fait ce qu’ils souhaitent c’est plus de laïcité du tout.
Rappelons quand même que si l’Eglise catholique pouvait régenter notre vie quotidienne, il n’y aurait ni procréation assistée, ni fécondation in vitro, ni pilule ni préservatif, ni divorce, et quoi encore…
Souvenez-vous que Galilée n’a été réhabilité que voici quelques années, car pour l’obscurantisme, la religion catholique fait jeu égal avec les autres intégrismes religieux.
Voici donc le début du texte de nos vaillants jeunes de l’UMP, puis deux textes de Tocqueville que je vous conseille de lire !
Blog de libre réflexion Une "politique de civilisation" politique qui touche davantage encore à l’essentiel, à notre façon d’être dans la société et dans le monde, à notre culture, à notre identité, à nos valeurs, à notre rapport aux autres, c'est-à-dire au fond à tout ce qui fait une civilisation.
Depuis trop longtemps la politique se réduit à la gestion restant à l’écart des causes réelles de nos maux qui sont souvent plus profondes. J’ai la conviction que dans l’époque où nous sommes, nous avons besoin de ce que j’appelle une politique de civilisation." (extrait des voeux de Nicolas Sarkozy aux Français)
Bien que cette politique reste à définir, ce voeux rappelle celui de Jean-Paul II : l'établissement de "la civilisation de l'amour". Il s'agit pour nous catholiques d'un travail de long terme à mener sur la culture, l'éducation et le développement du sens de la dignité de la personne humaine. Cette politique de civilisation est bien différente de la simple gestion des problèmes économiques et sociaux à court terme, à laquelle s'est trop souvent cantonnée la Droite ; c'est ce qu'a bien compris Sarkozy.
Si une nouvelle politique de civilisation doit être mise en oeuvre, ce qui serait très souhaitable, il incombe aux Catholiques d'y apporter leur pierre, pour qu'elle ne se fasse pas sans eux !
N'est-ce pas beau comme l'antique?
Benoît XVI et Sarkozy n'ayant pas hésité à faire appel à Tocqueville, ils osent tout! je vous livre ici deux textes de Tocqueville que vous pourrez retrouver avec beaucoup d'autres dans : Tocqueville, Notes sur le Coran et autres textes sur les religions.
Lettre de Tocqueville à Corcelle,
15 Novembre 1843
Ce qui est [le] plus dangereux […] c’est l’esprit même du catholicisme, cet esprit intraitable qui ne peut vivre nulle part s’il n’est le maître. Le catholicisme, qui produit de si admirables effets dans certains cas, qu’il faut soutenir de tout son pouvoir parce qu’en France l’esprit religieux ne peut exister qu’avec lui, le catholicisme, j’en ai bien peur, n’adoptera jamais la société nouvelle, il n’oubliera jamais la position qu’il
a eue dans l’ancienne et toutes les fois qu’on lui donnera des forces, il se hâtera d’en abuser. Je ne dirai cela qu’à vous.
Mais je vous le dis, parce que je veux vous faire pénétrer dans ma plus secrète pensée. C’est celle-là qui me tourmente plus que toutes les autres. C’est cette idée générale qui m’occupe plus que toutes les idées particulières qui naissent des faits actuels15. Si ces faits n’étaient que la maladie, j’en prendrais
mon parti. Mais ils ne sont que le symptôme d’une maladie plus grave, plus durable. C’est ce qui me désole. Le clergé ressemble parfaitement aux hommes de l’Ancien Régime. Dès qu’un vent de popularité lui arrive ou que la main du pouvoir se tend vers lui, il se croit follement le maître de la société et, au lieu de profiter de cette fortune pour prendre dans la nouvelle hiérarchie une place utile et grande quoique secondaire, il
se fait briser en voulant se rasseoir à la première. Le même esprit qui a perdu la Restauration perdra toujours, j’en ai bien peur, le clergé et, malheureusement avec lui, la religion.
***
La dénonciation du lien de l’Église avec le pouvoir politique se fait plus vigoureuse encore lorsque celui-ci est, comme le second Empire, moralement indéfendable; cette compromission ne peut faire que continuer à la discréditer. Tel est le sens de la lettre faussement déférente mais vraiment très ironique qu’il adresse à l’évêque de Coutances en mars1858 ; par trois fois, en janvier, février, mars, l’évêque avait fait expédier un mandement dans les paroisses pour appeler à prier pour « L’Envoyé du Très-Haut » entendez Napoléon III !
Tocqueville n’imaginait pas « L’Envoyé du Très-Haut » avec les yeux globuleux et la barbiche de Napoléon III, n’était-il pas, en outre, agnostique et fervent partisan de la séparation de l’Eglise et de l’Etat…
LETTRE À MONSEIGNEUR DANIEL, ÉVÊQUE DE COUTANCES
4 mars 1858
Monseigneur,
Je viens de recevoir l’Instruction pastorale que vous avez bien voulu m’adresser.
J’ai été très touché que vous ayez bien voulu vous souvenir de moi dans cette circonstance. Veuillez agréer l’expression de ma vive reconnaissance. Je vous ai lu, Monseigneur; je vous ai admiré. J’ai admiré cette abondance de la parole qui n’ôte rien à la précision de l’idée; l’éclat du langage; la force de la pensée que les richesses de l’expression ornent et n’énervent point. J’ai reconnu, en un mot, les dons particuliers de votre éloquence, de cette éloquence qui pénètre dans l’esprit et touche le cœur.
En même temps que je vous exprime avec une parfaite sincérité ces sentiments que la lecture de votre Mandement m’a inspirés, me permettrez-vous, Monseigneur, de vous soumettre, avec toute la défiance que je dois avoir en moi-même quand je vous parle, une observation critique. Elle se rapporte à ce paragraphe du Mandement, pageþ31, où vous parlez de l’Envoyé du Très-Haut, Celui que sa grâce a choisi, ce Ministre des divins Conseils, etc. Il m’a paru que ces paroles impliquaient une sorte de consécration au nom de la religion [du gouvernement actuel]; et j’avoue avec candeur que venant d’un homme tel que vous, elles m’ont ému. Je ne veux point, assurément, entrer dans une discussion politique. Je me suppose ami des institutions actuelles (ce que je confesse que je ne suis point), et, partant de cette donnée même, je me demande s’il n’y a pas
quelque danger pour la religion à prendre parti pour le pouvoir nouveau et à le recommander en pareils termes au nom de Dieu. J’ai vu, de mon temps même, l’Église mêler aussi sa cause à celle du premier empereur; je l’ai vue de même couvrir de sa parole la Restauration; et il ne m’a pas semblé qu’elle eût
profité de cette conduite. Dans un pays en révolution comme le nôtre, les jugements qui sont portés sur le pouvoir du moment ne sauraient être unanimes. Dans ces temps malheureux, on ne blâme pas seulement les actes du gouvernement; on conteste sa moralité, ses droits. Il y a encore aujourd’hui, en France, un
grand nombre d’hommes qui regardent comme un acte de conscience de ne point reconnaître le nouveau pouvoir. Je crois qu’on ne saurait nier que parmi ceux-là il ne s’en trouve plusieurs qui par l’étendue de leurs lumières, l’honnêteté de leur vie, souvent par la sincérité de leur foi, sont les alliés naturels de l’Église, je dirais ses alliés nécessaires, si la religion n’avait sa principale force en elle-même.
Parmi ceux mêmes qui approuvent la marche actuelle du pouvoir, combien peu ont honoré ses débuts et ses premiers actes? [Violer les serments les plus solennellement prêtés ou rejetés, renverser par la violence les lois qu’on s’était chargé de protéger, mitrailler dans Paris des hommes désarmés pour inspirer une terreur salutaire et prévenir la résistance… Ces actes, et je pourrais assurément en ajouter beaucoup d’autres,]
ces actes peuvent être excusés et même approuvés par la politique; mais la loi morale universelle les réprouve [absolument]. Ceux qui ont présents ces souvenirs si récents de notre histoire [ne peuvent manquer d’éprouver] un trouble douloureux au fond de leur âme et une sorte d’ébranlement de leur croyance, en entendant les voix les plus autorisées couvrir de pareils actes au nom de la morale éternelle [un pouvoir si nouveau et qui a ainsi commencé].
Voilà du moins, Monseigneur, le doute que je me permets de vous soumettre, en faisant appel à votre indulgence en faveur d’un homme qui professe pour vous autant de respect que d’attachement…
Les passages entre crochets avaient été supprimés dans l’édition Beaumont, en 1864 par (ou pour la censure).
Au nom de la charité chrétienne, il serait bon de rappeler aux bergers du moment que sauf à vivre dans le péché, ils doivent savoir que l’Eglise catholique refuse le divorce, interdit aux divorcés l’accès aux sacrements et leur impose, s’ils sont remariés, ils doivent s’abstenir de relations sexuelles et vivre dans la chasteté !
L’Église catholique, quel esprit d’ouverture ; nul doute que Benoît XVI a rappelé toutes ces exigences également à Berlusconi et à Ingrid Betancourt !